vendredi 20 janvier 2012

La vie quotidienne au temps des partenaires sociaux (1)


C'est l'époque des sommets sociaux : Le Moine Bleu célèbre à sa façon le retour saisonnier de cette aimable tradition. Pédagogie, pédagogie ! Obstinée, inlassable ! Le triomphe du lien social est à ce prix. Voilà donc, ci-dessous, une petite présentation des divers acteurs et décors impliqués dans ce processus citoyen quotidien, hélas trop méconnu des foules, portant le joli nom de "dialogue social. " 










                                                                  






À l’extrême-gauche (c'est une image) et de haut en bas (idem) : Bernard Thibault (salaire de départ : 23OO euros net/mois) derrière sa C6 de fonction payée par le syndicat. Au centre, François Chérèque (avec un pote, non-identifié). Rémunération : 4500 euros nets/mois sur 13 mois, versée par le syndicat. Enfin, en bas, Jean-Claude Mailly, en pleine discussion avec des matons FO : payé 4300 euros/mois, sur 13 mois.

Le conte de fées continue. 

Où donc les Chevaliers du Travail modernes se réunissent-ils, de temps à autre, pour reprendre des forces, avant de repartir au combat pour la cause des salariés, abreuvant ceux-ci de victoires éclatantes (dont la dernière lutte contre la réforme des retraites ne constitue qu'un des derniers exemples en date, certes des plus glorieux) ?

Eh bien, entre autres sanctuaires :

Château de Bierville, à Boissy-la-Rivière dans l’Essonne (CFDT).  Sur la façade principale, une banderole " Respect " accueille courtoisement le visiteur, la question principale restant, encore et toujours, de savoir qui on doit respecter au juste.


Château de Courcelle-sur-Yvette, dans l’Essonne : propriété de la CGT, qui y forme ses cadres d'élite à toutes les techniques modernes d'appel à la reprise du travail, et dans laquelle les enfants des "Conti " de l'Oise doivent certainement avoir, n'en doutons pas, depuis toujours leurs petites habitudes : tennis, spa, cinéma, etc).
Dans la forêt de Compiègne : le château de la Brévière, un véritable refuge de princesse (FO)

Terminons sur une touche d'exotisme, pour mesurer une dernière fois la chance que nous avons de goûter jour après jour ce beau modèle social que chacun s'attachera, au-delà des différences politiques qui nous séparent, à préserver du plus fort de son âme : 
 « Ce n’est toutefois pas avant le 20èmesiècle que la corruption, dans le syndicalisme américain, se généralisera, au point de cristalliser en une science à part, permettant alors aux cadres de l’AFL de mourir en hommes riches, d’hyperphagie, après avoir, pour certains, arboré sur le tard diamants et chemises de soie, au volant de quelque puissant bolide. Leurs épouses, d’après Mother Jones, « paradaient comme des paons. » Les chefs se déplaçaient en wagon Pullman et voyageaient à l’étranger. L’un d’entre eux, quand on l’accusa naïvement d’avoir « vendu » le mouvement, déclara avec cynisme : « Bien sûr que je suis un corrompu. Chaque fois que vous entendrez dire que Frank Feeney trempe dans quelque chose, vous pourrez être certain qu’il aura pris là-dedans sa juste part. Je suis Frank Feeney. »
Il restait évidemment des leaders honnêtes dans les syndicats, aussi honnêtes qu’ils pouvaient se le permettre pour demeurer dans le système. Et d’ailleurs, même les corrompus, de temps à autre, posaient à l’intègre dans la lutte, histoire de contenter le prolo et d’impressionner le capitaliste de leur pouvoir personnel.
Le type de leader produit par le mouvement de Gompers était cet homme médiocre, d’esprit étroit, sans vision sociale et dont l’horizon mental consistait en une suite de combinaisons salaires-horaires, et surtout une débauche de combines propres à influencer les foules de travailleurs. Un type obnubilé - du coup ! - par l’étude du fonctionnement psychologique des groupes en question, dont l’incompréhension eût risqué, à tout moment, de menacer son propre poste, et qui se tenait soigneusement à l’écart de tout ce qui pût ressembler trop dangereusement à un plan général.
Bref, un gars conscient de ses propres limites et résistant par conséquent à toute avancée sociale susceptible d’élargir à l’excès les domaines d’intervention du prolétariat, et de déboucher - peut-être - sur l’avènement d’un nouveau type de leader, supérieur, par le caractère et l’intelligence. Les actions politiques autonomes des travailleurs étaient, pour cette raison, sa hantise absolue. »

Dynamite ! Un siècle de violence de classe en Amérique, par Louis Adamic (éditions Sao Maï).

















4 commentaires:

  1. Ces messieurs les bureaucrates syndicaux vivent, et pensent, comme des cadres dirigeants d'entreprises (pourvu qu'ils gardent leurs boutiques…). Petite précision concernant la C6 du bureaucrate en chef de la CGT : un peu plus de 50 000 euros. On peut aussi évoquer le chauffeur mis à disposition ainsi que la carte de crédit du syndicat pour régler les frais professionnels (et autres)…

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  2. bonjour
    article intéressant...
    cela dit, vous devriez changer une des photos des châteaux ! En effet, pour le Château de Courcelle-sur-Yvette et le château de la Brévière, c'est exactement le même pris sous un angle légèrement différent !! C'est même incroyable que personne ne l'ai remarqué ! Avouez que ça fait pas franchement sérieux !

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    1. À l’anonyme sérieux,

      En effet, il y a eu confusion : deux photographies représentant le même château de conte de fées de FO, situé à l’orée de la forêt de Compiègne, se succédaient : nous y avons sérieusement mis bon ordre, après avoir sérieusement envisagé de n’en rien faire, et de nous reposer, étant en effet bien établi que, de notre point de vue injuste, FO et la CGT représentent, pour reprendre votre propre expression, exactement la même chose, « pris(e) sous un angle légèrement différent !! »
      Sérieusement merci pour votre vigilance !

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  3. Face au collectivisme réellement existant, qui est aujourd'hui celui des nantis, un bien dont bénéficient (très très) partiellement leurs divers vassaux, va p'tet falloir inventer les nôtres de collectivité, à tant d'atomes bombardés d'austérité et de crise, offrons pour tout bientôt comme un temps des cerises : Ni honte, ni dette, ni culpabilité, s’organiser !

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