(«siège-pénis», métro de Mexico, 2017)
« Ma
mère partageait les préjugés de son milieu. Jugeant que le sexe d'un homme
était laid, ou au moins dénué de toute beauté, elle me fit longtemps douter de
l'attrait de ce qu'elle appelait ma "quéquette".
Il
est vrai qu'une "quéquette" est plus ridicule que charmante. Ce mince
tuyau au bout pincé, qui tremblotte au-dessus de deux petites boules de chair à
la peau grenue, affadit le plus bel Apollon. Mais une verge en érection n'a
rien de commun avec cet appendice infantile : pour la trouver belle, il suffit
de la regarder.
Je
ne compris l'erreur de ma mère, et la mienne, qu'un jour de mes 18 ans. Sortant
d'une douche chaude, et traversant l'appartement dans l'état de nature, je fus
subitement arrêté devant l'armoire à glace par l'image que j'y entrevis : je
bandais, et cette corne de chair se balançant au bas de mon ventre me frappa
par sa beauté.
Pourquoi
disait-on que c'était laid ? Je pris des poses devant la glace, examinant
l'objet sous tous les angles, relançant son balancement d'une pichenette,
essayant de le faire se gonfler plus encore, ou de l'amener à la verticale.
Plus le jeu se poursuivait, plus le jouet me plaisait, et lorsque je mis fin à
ce divertissement, j'étais guéri de mes préjugés sur la laideur du membre
masculin.
Je
souffrais d'un autre préjugé, tout aussi commun que le premier, et dû sans
doute aux mêmes causes : le corps féminin était beau. »
(Guillaume
Fabert, Autoportrait en érection)
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