vendredi 11 novembre 2016

Marcuse, pénétrant


« La régression impliquée dans un tel développement de la libido se manifesterait d'abord par une activation de toutes les zones érotiques et donc par la renaissance de la sexualité polymorphe prégénitale et par le déclin de la suprématie génitale. Tout le corps deviendrait un objet de cathexis, une chose pour jouir, un instrument de plaisir. Cette transformation de la valeur et de l'étendue des relations libidinales conduirait à la désintégration des institutions dans lesquelles les relations privées interpersonnelles ont été organisées, et particulièrement de la famille monogamique patriarcale.
Ces perspectives semblent confirmer la prévision selon laquelle la libération instinctuelle conduirait à une société de maniaques sexuels, c'est-à-dire à l'absence de toute société. Cependant, ce processus qui n'a été qu'ébauché, n'implique pas seulement une libération, mais aussi une transformation de la libido ; transformation qui conduirait la sexualité tenue sous la contrainte de la suprématie génitale à l'érotisation de toute la personnalité. C'est une expansion plutôt qu'une explosion de la libido, une expansion couvrant les relations privées et sociales, comblant le gouffre qu'un principe de réalité répressif maintient entre elles.»

(Herbert Marcuse, La transformation de la sexualité en Éros, in Éros et civilisation)

2 commentaires:

  1. C'est toujours ceux qui en parle le plus....

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    1. Détrompez-vous. On le fait toujours pour pouvoir en parler ensuite. C'est dans cet ordre-là que ça se passe, et c'est très bien.

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