mercredi 9 novembre 2016

Discussion : y aurait-il un humour fasciste ?


                              Discussion entamée, plaisir assuré...

Suite à un billet récemment publié ici en toute innocence, c'est-à-dire toute insuffisance, nous avons reçu le message d'un camarade nous signalant les très douteuses appartenances dogmatiques (pour ne pas dire plus), de l'histrion que nous avions naïvement présenté, et au délire duquel, il faut le dire, nous avions spontanément bien ri. Or, l'individu en question, un certain « Izarra », souscrirait, selon notre camarade, aux thèses fondamentales de Dieudonné, qu'il relaierait d'ordinaire, sans préjuger d'une éventuelle participation plus organique de sa part aux entreprises du fasciste susmentionné.
S'ensuivit un nouvel échange de courriels, que nous reproduisons ci-dessous, au cours duquel, au-delà de l'évocation de notre boulette initiale, certaines interrogations plus importantes se virent également formulées.
Nous saluons, une fois encore, notre interlocuteur avec fraternité.

***
Le 6 sept. 16 à 03:01, X a écrit :

Bonsoir,
Un mot rapide, avant de donner des nouvelles plus complètes, vu le contenu des autres vidéo de "Xavier-Louis de Izarra" il est à craindre que l'absurde de surface soit de la grossière propagande racialiste, vaguement anti impérialiste débile, et en tout cas pro-dieudonné et antisémite.C'est comme cela que je comprends les vidéo suivantes en tout cas :

Mon voisin a écrasé mon vélo juif
https://www.youtube.com/watch?v=d5gy2QmwMeQ

Noirs et Blancs ont-ils la même couleur ?
https://www.youtube.com/watch?v=BDcOKttAfng

Les fachos comme toi qui s'ignorent.
https://www.youtube.com/watch?v=lajbT234SJQ

Faut-il gazer les antisémites?
https://www.youtube.com/watch?v=-_EqwJNmp2U

Dites moi si je me trompe.
Pour le reste portez vous bien.
Amitiés.

X

***

Le 7 sept. 16 à 18:00, Le Moine Bleu a écrit :

Cher camarade,


 Hélas ! il semble que vous ayez en effet parfaitement cerné la chose et le bonhomme. Que vous dire ? Il peut, d'abord, paraître évidemment vexant d'avoir ri comme nous avons ri à la production de cette (donc) très-probable crapule dieudonniste-antisémite. Mais au-delà de la vexation (phénomène subjectif, somme toute négligeable), l'affaire révèle surtout pour nous une question philosophique et politique de fond. Pourquoi, et comment, les fascistes se sont-ils ainsi retrouvés, à l'heure où nous parlons, dépositaires formels d'un certain fonds d'humour et d'ironie efficace (se donnant, par ailleurs, l'apparence de la subversion et/ou du non-conformisme), un fonds dont nous devrions, nous, plutôt être les principaux utilisateurs et bénéficiaires, en tant qu'anarchistes ou communistes ? Pourquoi et comment l'humour se fait-il aujourd'hui - souvent - le vecteur efficace, le cheval de Troie, pour ainsi dire, de la pseudo-critique fasciste ?
Je pense que là aussi, nous payons le poids pluri-décennal d'un terrible esprit de sérieux militant gauchiste, dont le dogmatisme et la rigidité perpétuels impliquent toujours aussi, subjectivement : lourdeur, ennui, formalisme désespérant, etc. Rien de bien nouveau sous le soleil. Rien d'étonnant à ce qu'une fois encore nos "futuristes" dieudonnistes d'aujourd'hui : apôtres, comme leurs grand-parents italiens, par exemple (Marinetti et consorts), de la fausse transgression, de la sensation, de la violence perverse personnelle, de la domination moqueuse dans les rapports humains, etc, en appellent invariablement, contre les lourdeurs de la "pensée" gauchiste aux séductions "légères" de l'évidence humoristique. Ernst Bloch y voyait déjà la raison du succès nazi sur le "discours" communiste (uniquement basé, lui, sur la rationalité, la sécheresse de l'analyse, bref la difficulté de la réflexion). Il y a aussi cette lettre célèbre d'Adorno à Benjamin, en 36, dans laquelle le premier pointe déjà les dangers "totalitaires" d'un certain humour cinématographique (celui de Chaplin, je crois) que Benjamin, lui, à l'inverse, juge spontanément invinciblement critique, humain et démocratique. Le pessimisme d'Adorno était-il visionnaire ? Je pense, pour ma part, qu'il nous faut être férocement drôles, nous aussi, aussi drôle que critiques, et plus drôles, en l'occurrence, que les fascistes.
Allons plus loin, encore : le type dont il est question ici (le dénommé Izarra) cesse précisément d'être drôle au moment même où l'idéologie reprend pleinement le dessus, chez lui, sur l'humour pour lui-même (voir le panel de films sélectionnés par vos soins, dont aucun, vous en conviendrez, ne soutient la moindre comparaison avec celui que nous avions sélectionné). C'est que "l'humour fasciste", au fond, comme toute production idéologique, tend ainsi en se développant (c'est-à-dire en servant de plus en plus consciemment et clairement son projet politique) à l'autodestruction : il meurt comme humour à mesure qu'il se fascise.
Inversement, c'est quand il est le plus drôle qu'il est alors le moins fasciste (et même, en l'occurrence, absolument non-fasciste : puisque le sketch "comment neutraliser un terroriste" renverrait davantage pour nous, avec beaucoup d'efficacité, c'est-à-dire de drôlerie, à une critique de l'hystérie sécuritaire actuelle, une satire de l'impuissance politique et humaine saisissant tout un chacun atomisé, et débilisé, devant l'émergence massive de la pulsion de mort djihadiste, etc).
Le débat est ancien : quand un réactionnaire - suffisamment "honnête", en quelque sorte, et pourvu de talent, expose - contre son idéologie consciente même - la réalité de tel aspect de la société, est-il encore réactionnaire sur ce point précis ? Balzac (royaliste militant) ne se montrerait-il pas, dans moult de ses ouvrages, très marxiste dans sa présentation (par exemple) de la dépossession moderne des paysans par les usuriers banquiers des villes ? L'insupportable et nauséeux du style célinien ne commencerait-il pas à poindre seulement lorsque l'honnêteté sociale objective (pour ainsi dire : son côté visionnaire) que Céline manifeste ailleurs s'est complètement effondrée, au profit de ses obsessions racistes habituelles ? Quand Léon Bloy, Villiers de l'Isle-Adam, Huysmans, Barbey d'Aurevilly (fieffés réactionnaires, et ultra-catholiques par-dessus le marché) critiquent la bourgeoisie voltairienne, n'y pouvons-nous point malgré tout, nous, nous y reconnaître un tant soit peu ? Serait-ce alors que la crapule cesse, à l'occasion, d'être crapule lorsqu'elle perd de vue l'idéologie qui la meut le reste du temps ? Après tout, comme dit Marx, "en tout capitaliste, l'homme et le capitaliste se combattent jusqu'à un certain point"...
Voilà les quelques réflexions que votre courrier suscite en moi.
Nos idées, je pense, la critique que nous portons, devraient pouvoir - en théorie - s'imposer dans la majorité de la population, loin d'un quelconque avant-gardisme sectaire. Le sketch "comment neutraliser un terroriste" me paraît relever, dans sa capacité drolatique, d'une telle position critique de masse. Le problème étant donc, bien entendu, qu'il émane d'un personnage par ailleurs aussi suspect.
La chose mérite de plus amples développements. On se fendra certainement, là-dessus, prochainement, d'un billet à part entière.
Merci en tout cas d'avoir attiré notre attention sur tout ça.
N'hésitez pas à me proposer vos propres réflexions, en retour.

salut, et amitiés

LMB

***


Le 7 nov, X a écrit :


Cher Moine,
Désolé d'avoir tant tardé à répondre, je pensais initialement que la réponse pourrait être de meilleure qualité, plus réfléchie en tout cas, en répondant plus tard, mais il se trouve que les circonstances changent mais ne s'améliorent pas, au contraire, une certaine faille s'étant même depuis ouverte, alors malgré tout le bancal je vous réponds, en ayant déjà trop tardé, quitte à ce que cette réponse soit bien insuffisante. Par ailleurs il est certain que je ne suis pas un bon correspondant, ne serait-ce que pour des raisons assez triviales parmi lesquelles le fait qu'écrire n'est pas simple pour moi et que le temps passé devant un ordinateur est souvent trop important, et fini par être difficile et pénible etc. Discuter m'est souvent plus facile même si je reconnais que la mise par écrit permet un raffinage que la parole ne permet pas forcément, même si pour moi le lieu de l'élaboration reste, à priori, et en tout cas pour commencer, la discussion. Je ne parle pas pour cette histoire en particulier, pour laquelle un échange par mail va très bien. Vous nous avez déjà fait état d'une partie de votre fonctionnement à cet endroit, je n'y reviens pas là.

Trêve de méta-discours.
Concernant cette vidéo, son auteur, et ce que vous soulevez à cette occasion, je vais tâcher de répondre aux arguments que vous soulevez par ordre d'arrivé dans votre message.
Pour commencer je ne crois pas qu'il faille s'en vouloir ou se vexer d'avoir ri. C'était drôle d'absurde, jouant sur la possibilité du sérieux, de la « bonne idée », sur le modèle du tutoriel version homme de bon sens et homme providentiel, cela a un certain pouvoir comique, là n'est pas, je crois, la question. Pour entrer plus précisément dans les enjeux que vous proposez à la discussion, je dois reconnaître que je ne perçois pas très clairement pourquoi vous considérez que ce sont les fascistes qui oeuvrent par l'humour aujourd'hui, il est certain que c'est un sujet que je connaît fort mal, mais à part Dieudonné (ce qui est loin d'être une petite affaire) il ne m'est pas apparu que cela soit un phénomène massivement répandu et avec de nombreux protagonistes fascistes à la manœuvre (il se peut que je me trompe). Il me semble, qu'effectivement l'humour, le rire, l'ironie, possède une certaine puissance subversive. Mais cela fait tout de même un moment que la figure de l'humoriste, sa place, son positionnement, les typologie de rire qu'il convoque, jusqu'à des phénomènes plus récents mais qui datent un peu maintenant, comme autour du djamel comedy club, sont vecteurs de valeurs et de représentations très formatés, un rapport aux identités bétonnés et assignatoires. Il y a beaucoup eu, au niveau du comique français de production d'un second degré de pacotille, un humour qui ne renvoi à rien d'autre qu'à sa bêtise sans fonds. Je dirais qu'il s'est aussi passé quelque chose avec internet et les vidéos et que les vidéos sont devenus un vecteur important de propagande, de mesure d'audience et même de rétributions financières. Cette manière de présenter des contenus, avec l'humour en plus, s'adresse particulièrement, ou fonctionne particulièrement, avec un public (comme ils disent) assez jeune, et c'est un appât, une mise en forme, assez commercial ou marqueté de contenu, cela paraît anodin, innocent ou « drôle » mais c'est parce que cela permet de justifier ou d'avancer un peu masqué que cela prend cet aspect là.
Je crois, qu'effectivement, il y a quelque chose de l'ironie (un autre terme serait peut être meilleur) à employer, réemployer, mettre en jeu, en particulier dans des perspectives révolutionnaires. Malheureusement il n'y a pas que ça qui manque, les « perspectives », et le « révolutionnaire » se font rare et timide en ces époques pénibles. Ceci étant dit et même si cela peut paraître, en apparence, paradoxal je suis partisan du sérieux, pas dans le sens ou il s'opposerait à ce qui provoque le rire (et la réflexion d'ailleurs) qui est tout de même, à mes yeux, un des intérêts de la vie. Plus dans une certaine rigueur (pas un rigorisme) intellectuelle et des sentiments. En effet comme vous le soulignez, le dogmatisme, le formalisme coute cher encore aujourd'hui alors même que ces formes ont perdu de leur ampleur et du superbe que certains pouvaient leur trouver.
Sans se lancer dans des typologies hasardeuses, on peut tout de même faire l'hypothèse, c'est ainsi que je comprend une partie de ce que vous proposez, qu'il y a deux sortes d'humour, un qui, corrosif, attaquerait la normalité et son pouvoir, un autre qui au contraire, renforce et bétonne la situation présente, un qui ouvrirait des horizons et qui renverserait quelque chose des évidences et un autre qui les conforterait.
Je suis désolé je n'ai rien lu d'Ernst Bloch, ni d'Adorno et que quelques lignes de Benjamin, mais dans la situation tel que vous en dressez le tableau je serais plutôt partisan de l'humour, et je me retrouve dans ce que vous proposez, « être férocement drôles », « aussi drôle que critiques, et plus drôles, en l'occurrence, que les fascistes. » Qu'encore une fois je ne trouve pas, pour ce que j'ai pu en voir très comique. D'ailleurs comme vous le souligner quand le « Izarra » rend plus explicite ses positions, quand il politise plus ouvertement son propos, quand il fait place à une idéologie plus forte c'est nul et ce n'est pas drôle du tout, je partage aussi votre avis la dessus.
Je ne peux malheureusement pas vous suivre, pour critiquer ou abonder dans votre sens à l'endroit des exemples littéraires précis que vous proposez, ce sont les aléas d'une formation tardive et en grande partie auto-didacte (ce qui ne veux pas dire que je suis un self made man intellectuel...). Je crois que la figure de l'auteur n'est pas tout, mais dans notre régime de réception, sa figure d'autorité n'est pas rien non plus. Je dirais que pour moi il s'agit plutôt de question qui concerne la réception, quand il ne s'agit pas de subversion sur les formes et les manières (de raconter, de fictionnaliser etc), de tout il peut être fait un usage subversif ou réactionnaire. Mais s'agissant du subversif, encore faut-il y arriver et que quelque chose prenne.
Je trouve intéressant, mais je ne suis pas encore convaincu par ce que vous citez de Marx à propos de l'homme et du capitaliste, il y aurait comme une force, une puissance, une pulsion de vie qui lutterait contre la loi du profit, mais malheureusement la loi du profit, le capitalisme, c'est aussi profondément affaire d'homme. Peut être que je comprends mal cette citation.
S'agissant de l'isolement et de la pauvreté de circulation et d'émulation des propositions, lectures, points de vues à prétention révolutionnaire, il est certain qu'un certain enfermement, que l'atomisation actuelle est étrange et détestable et que rien ne me semble la justifier. Ceci dit et sans négliger la place nécessaire de la réflexion, du fait de penser, critiquer, et de mener, de même avec une ampleur réduite la bataille des représentations, de partager et mettre en forme cela, d'éviter l'écueil de l'anti-intellectualisme, je crains que ce ne soit pas tant une bataille des idées, que celles de questions plus pratiques, beaucoup plus du côté des propositions, des formes et des possibles concrets et matériels.

Je suis encore désolé de cette réponse, si tardive, au moins en partie décousue et pas assez fouillée, j'espère tout de même avoir apporté un peu d'eau au moulin commun de la réflexion (cette métaphore n'est pas très heureuse).

Au plaisir de vous lire, à ce propos ou à un autre.

Portez vous bien.

Amitiés.

Salutations révolutionnaires.

X





10 commentaires:

  1. Merci à tous deux pour les infos et pour vos intéressantes réflexions.
    Juste quelques mots en vrac et trop rapides.
    Il est vrai qu'on a bien rigolé en voyant la vidéo du nauséabond à nom d'alcool imbuvable.
    Ceci dit, que les fascistes aient de l'humour est prouvé de longue date, ne serait-ce que par la formule Arbeit macht frei affichée là où elle l'était.
    Humour immonde et dégueulasse, bien évidemment.
    Comme par hasard, on a par contre toujours trouvé drôle la transformation de "Je suis partout" en "Je suis parti" (à Siegmaringen).
    Je me demande toutefois si cette relativité de l'humour dans l'histoire (pourquoi ce qui fait rire en 1971 peut être puant en 2016, par exemple) est bien le fruit d'un "terrible esprit de sérieux gauchiste". Ou si cet esprit gauchiste n'est jamais que le reflet du moralisme et du conformisme écrasant de l'air du temps dans lequel il se meut.
    C'est même ça qu'on reproche, entre autre, aux gauchistes : cavaler après l'air du temps, quel qu'il soit, pour ne pas avoir l'air trop ringards.
    Quant aux "réactionnaires", ils ne sont pas monolithiques et il y a eu souvent chez certains, une certaine dose d'élégance, voire de dandysme qui les a poussé à avoir une tournure d'esprit toute destinée choquer le bourgeois.
    Enfin, surtout au XIXème.
    Bien à vous.

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  2. Je n'avais pas visionné cette vidéo jusqu'à présent mais je me permets de renvoyer à Spinoza : ce qui importe, ce sont les œuvres, basta. Et Sartre dira plus tard : "l'existence précède l'essence".
    D'immondes crapules (dont Céline, en effet) ont produit des chefs d'œuvre, mais souvent pas que.
    Cette vidéo précise est à mon sens hilarante et je l'associe pour ma part à ce genre d'humour.

    Et tout le reste est littérature : l'Umour n'est jamais idéologique.

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  3. A la lecture de vos échanges, cher Moine, je résumerai ma position de cette façon un peu simpliste, mais qui m'a évité bien des déconvenues dans la vie : on ne rit pas avec n'importe qui.

    Ceci dit, je vous accorde bien volontiers qu'en ces temps de confusion idéologique exacerbée il n'est pas toujours facile de savoir qui on a en face de soi.

    Bien à vous.

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  4. De bon matin, vos questions en soulèvent d'autres dans mon esprit mal réveillé :
    L'humour gauchiste existe-t-il?
    Et, pour surfer sur l'actualité : Donald Trump est-il un clown? (à une époque où les jeunes générations connectées s'effraient de légendes urbaines clownesques?) Son humour (sexiste, raciste, homophobe, etc.) a-t-il été un facteur de victoire électorale? (Son adversaire Clinton était quand même l'antithèse de la poilade).
    Bref, les questions que vous soulevez sont importantes (à une époque où l'on est capable d'assassiner pour des dessins humoristiques). Y a-t-il d'ailleurs un humour djihadiste? Faut que je demande son avis à Finkielkraut, docteur es rigolade.

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  5. Discussion passionnante, merci LMB.
    Humble petit grain de sel sur le rire :
    "Pour moi, le rire est une fin en soi, sans prolongement" disait Pierre Étaix.

    Nous, on pense que l'éclat de rire est de la même nature que l'orgasme, une décharge physique extrêmement bonne à la santé.
    Que ce soit des fafs qui l'ai provoqué, c'est emmerdant. Mais pas plus que l'utilisation d'un sex toy à la place d'un autre humain.
    Pour obtenir l'absolution, suffit qu'ls ne le sachent jamais, et n'en retirent aucune gratification d'aucune nature. Pas de rappirt directs avec eux. Une autre possibilité, c'est la récupération et le détournement aux vastes horizons.
    http://www.jeunecinema.fr/spip.php?article1298

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  6. Oui, il existe un humour fasciste. Il relève de l'usage du langage comme code. Par exemple, imaginons deux racistes tâtant un melon chez un épicier "arabe". Ça les fait rire parce qu'ils croient transgresser un interdit, le racisme. L'inverse, l'humour antifasciste, est le sketch des Inconnus "Bijour Misiô Vancent" qui dénonce leur paranoïa pour ceux qui connaissent la série Les Envahisseurs. La vidéo d'Izarra n'est pas drôle dès lors qu'on comprend que ce crétin désire réellement s'héroïser en rencontrant un terroriste, ce qui prend le dessus sur le dérisoire de la tactique de combat qu'il promeut.

    Ces dernières décennies, j'ai été frappé par la déferlante télévisuelle de l'humour communautaire, Djamel Debbouze et cie. Il m'a fait beaucoup rire, mais la répétition devenait inquiétante. Cette sorte d'"humour juif", rire de soi, adapté aux représentations des minorités devenait pénible à mes yeux parce que son systématisme révélait non plus une volonté d'émancipation d'un conditionnement culturaliste, mais l'enfermement dans une identité. Jadis, au temps de Farid Chopel [ https://www.youtube.com/watch?v=_h2xrqZAS-8 ], on ne voyait pas d'"arabe" à la télé. Il ne jouait pas au second degré l'"arabe" de service. C'était aussi le temps des imitations de Michel Leeb, lesquelles ne faisaient pas rire tous les téléspectateurs de la même façon. Certains voient dans l'imitation la joie de se faire autre, d'autres lisent les défauts que les signes volontairement caricaturaux propres à l'exercice révéleraient comme déficience humaine et preuve de d'infériorité. Ces certains et ces autres peuvent ne pas être les mêmes s'ils s'identifient à l'identité masquée par son rôle de l'acteur. On pourrait prolonger en faisant une histoire de l'humour français, Fernand Raynaud jouait le benêt provincial en plein exode rural, le comique troupier correspondait aux époques où le service militaire durait deux ans...

    Les militants sont rarement drôles. J'imagine que l'humour djihadiste se réduit à faire glisser son pouce sur sa carotide. Il arrive que le gauchiste intersectionnaliste ne comprenne pas une référence à "La putain respectueuse" parce que le mot putain est tabou. L'humour gauchiste me rappelle ce slogan de manif "Flic suicidé, à moitié pardonné". Mais ça ne fait pas rire le ministère de l'Intérieur. Et je ne dirai pas ici si ça me fait rire, de peur que Le Moine bleu fasse froncer les sourcils de Big Brother.

    L'humour est idéologique quand il ne fait pas rire.

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  7. On peut aussi se poser la question suivante : un analyste qui avoue s'être trompé peut-il encore encore se tromper ?
    Je suis heureux de vous avoir fait rire et j'avoue à mon tour avoir bien ri de vos échanges d'intellos totalement inféodés à leur idéologie.

    Xavier-Louis de Izarra

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    1. "Intello" ne peut être une insulte.
      Sauf pour un antisémite.
      Ou un autre con.

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    2. Je viens de voir l'irruption du concerné. Cerise sur le gâteau des commentaires pour les étrennes !
      Laquelle prouve que l'épithète "crétin" relève d'un vocabulaire certainement trop châtié, et donc idoine, pour qualifier un non-analyste par dénégation totalement libéré de toute idéologie. La bêtise n'est jamais plus drôle que lorsqu'elle s'assume.

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  8. Pour toute une partie de la gauche, le principal programme aujourd'hui est d'être bon. Au nom du pragmatisme, la sortie du capitalisme est renvoyée aux calendes grecques et la révolution éclatée en luttes locales mais immédiates. On part de ce qu'on est, ou plutôt on reste dans ce qu'on est, et on exige des autres pour soi le respect absolu qu'on leur donne en retour. Ainsi la révolution est partout, tout est crucialement politique, et en rire revient à dénigrer, à nier le sérieux de tel ou tel front, donc au final à objectivement travailler avec l'ennemi. En fait, il n'y a plus d'humour parce qu'à la base il n'y a pas d'esprit critique, aucune tolérance pour la dérision parce que fondamentalement aucune auto-dérision. Le programme n'est effet pas dans celui, le moins gros connard que maintenant, qu'on pourrait devenir par le processus révolutionnaire mais dans la célébration de ce qu'on est déjà et qui n'aurait plus qu'à être reconnu. Il suffit de se demander ce qui pourrait faire rire sur des sites comme « Le cinéma est politique », pour mesurer l'étendue du problème.

    Rions quand même cependant : https://unodieuxconnard.com/2016/06/14/john-smith-social-justice-warrior/





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