mercredi 16 novembre 2016

De la réaction transcendantale


Les réactionnaires et pudibonds gauchistes d'aujourd'hui méditeront la chute niaisement moraliste de l'air ci-dessus, titre d'Ann Sorel ayant commis son petit effet de scandale au début des années 1970 (et ici repris par une certaine Schérazade de rencontre, un peu paumée, semble-t-il, dans sa cuisine, sa salle de bains et toutes autres pièces ringardes de son loft bellevillois).
Bref : faire l'amour à plusieurs, en tout cas, comme toute autre pratique soi-disant perverse, visant en réalité à libérer le principe de plaisir, ça ne peut donc forcément que se terminer mal, qu'être au final mauvais pour le coeur...
Et c'était - donc - déjà le cas au plus fort de cette fameuse révolution sexuelle que les fines mouches critiques contemporaines n'assimilent pourtant plus guère (comme un seul Alain Soral-Clouscard-Zemmour) qu'à LA condition fondamentale, LA modalité essentielle de crise de croissance désirante nécessaire du capitalisme contemporain.
On opposera à cette ignoble dégoulinerie de curé, à cette vieillerie antédiluvienne insupportable, à ce rien-de-nouveau-sous-le-soleil impuissant, le propos autrement sain et vigoureux de Larry Clark, dans son admirable Ken Park (2002). Se voyait, là, plutôt rappelée cette banalité de base selon laquelle le désir physique, épuisé, peut déboucher, enfin, peut se sublimer, enfin, à l'occasion, dans une culture, une civilité, une civilisation érotique supérieure.
Le problème n'est jamais du côté du désir authentique.
Le problème est toujours du côté de ses ennemis.
             

1 commentaire:

  1. La version d'Ann Sorel avait au moins un certain charme musical dû à ce riff "orientaliste" assez peu courant à l'époque.
    Alors, avoir mis "Chai et rasade" (comme disent les vignerons) n'est-il destiné qu'à illustrer notre chute dans la vulgarité ?

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