samedi 26 septembre 2015

L'association Enfance et Fascisme présente


Nous avons déjà eu loisir, ailleurs, de rappeler cette triviale vérité, dont nous ne nous lassons point : le fascisme s'accommode à merveille de l'esprit d'enfance. L'infantilisme, mode primitif et sans mélange du libéralisme, constitue de ce dernier à la fois le poème amoureux, nostalgique, et la pure vérification, le pur contrôle technique - ainsi qu'on dit chez Volkswagen - valant autorité. Le libéralisme, à son tour, est soluble dans le fascisme, qu'il appelle immanquablement au bout de son développement tragique. La raison d'un tel développement n'est autre que l'irraison substantielle du libéralisme : le libéralisme est un système idéologique absolument irrationnel à prétentions symétriquement logiques, autant que totalitaires. La rationalité dont il se réclame, certes, est indubitable dès lors qu'on assigne à toute rationalité le but de réduire le divers à la parfaite identité, et d'organiser, subséquemment, la soumission instrumentale complète de la Nature (les progressistes internationaux préférant désormais employer le terme de contrainte naturelle, bien contraints qu'ils s'y trouvent eux-mêmes entre deux conférences sur le dérèglement climatique). Ainsi donc, le libéralisme ne connaît, comme milieu d'expansion, que cela : le massacre, débouchant au plan physique sur l'Unité et le Monopole, au plan logique sur le formalisme et la facticité. Sa logique, refusant de simplement voir le monde dont elle se débarrasse, se révèle de pure force et, par là, de pur Mythe. Car toute force n'admettant d'autre logique que la sienne (c'est-à-dire pas de logique du tout) se trouve nécessairement projetée à l'heure de sa défaite, de sa confrontation inéluctable à quelque autre force, supérieure, dans les bras du Mythe. En grand désespoir de causes, le Mythe explique enfin les choses à ce genre de logique aux abois. Il est enfin, pour elle, en capacité de le faire. Son explication, alors, consiste à présenter le responsable de la défaite comme n'étant autre que la logique elle-même. À une raison ne s'étant jamais exercée qu'en-dehors du monde, à fin de l'épuiser, le Mythe assure qu'elle aura simplement trop raisonné. Le Guide, le Chef porteurs de mythes surviennent, équipés de leurs lourdes valeurs immémoriales de Nuit, de Sang et d'indicible, tel quelque fièvre bénéfique au chevet du libéralisme, justifier l'insondable en soi, flatter la cécité visionnaire de l'aveugle, vanter le peu d'appétence pour la vérité et l'histoire, au nom de la fausseté conjointe de l'une et l'autre, c'est-à-dire du mouvement. Le Logos de la domination, ne se connaissant aucun dehors, s'effondre dans l'histoire surgissante, délirante et confuse, lorsque, en dépit de tout, l'univers refoulé a décidé de se tailler un passage parmi ses agencements, sous forme d'incompréhensibles crises. Crises de croissance, nous direz-vous, du genre de celles dont l'expérience, l'âge adulte, auront tôt fait de tirer profit ! Vous n'y êtes pas. L'explication mythique s'impose ici à l'exclusion de toute autre. Voilà qu'elle a remis en selle à sa manière, et jusqu'à la prochaine fois, la malheureuse petite victime qui trépignait encore en pleurs l'instant d'avant, furieuse et pestant contre ce monde, contre cette planète étrange ne se laissant décidément point comprendre. Il n'y a rien à comprendre, a répondu le Mythe. Sinon que cette planète n'est pas étrange mais plutôt merveilleuse, et que subiront toujours ses colères ceux-là seuls qui daignent en oublier les règles, les mystères, le Chiffre inquestionnables. Tous ceux qui se seront déconnectés de ses profondeurs béantes et nourricières et qui, coupables d'avoir osé grimper à l'arbre de la Connaissance du commerce international, auront signifié en direction du coeur de la Planète merveilleuse leur pitoyable mépris intellectuel de grands garçons prétendument capables de tout maîtriser. Ceux-là auront ainsi, dans la manoeuvre, humilié, souillé, oublié leur âme d'enfant, de tout-petit-enfant, laquelle est seule vérité finale, spirituelle et d'importance. Le fascisme est le désir régressif assouvi du libéralisme en crise, inapte à rien saisir : celui de l'innocence, reconquise, de la déraison et de la brutalité.

6 commentaires:

  1. " Il est enfin, pour elle, "en capacité" de le faire."
    "En capacité" ?!
    Pourquoi, Moine, utiliser cette tournure qui sent bon son technolecte managérial plutôt que notre bon vieux "capable de" ?
    Attention, cher Moine, on commence par être "en capacité de" et on finit par "être impacté par".
    Si j'ose dire...

    RépondreSupprimer
  2. Heureux de constater que l'ironie ici convoquée ne vous aura point échappé, s'agissant (rappelons-le pour d'autres, peut-être moins avertis que vous) d'un texte posant un rapport d'absolue nécessité entre " pensées " mythique et libérale.
    Si j'ose dire...

    RépondreSupprimer
  3. Et vous avez vu ce g de "chantal goya" en forme de quenelle ?
    c'est pas pour faire mon conspi de bas étage mais...

    RépondreSupprimer
  4. C'est votre côté Ratier...
    ... milanais, en l'occurrence.

    RépondreSupprimer