Le Moine bleu :
La mise au pas des gens du Livre, 2543 ap. J.-C. l'imposteur
(détail)
L'avenir de l'Islam n'est pas au djihadisme. L'avenir de
l'Islam réside dans son intégration finale par le capitalisme, sous forme de
redoutable supplément d'âme conservateur. Le
djihadisme est une fièvre que le capitalisme ne saurait tolérer beaucoup plus
longtemps, sous peine de risquer bientôt l'extinction brutale, et sanglante.
C'est pourquoi ceux qu'effraie la notion de guerre de
civilisation sont largement moins stupides que d'autres, révoltés par cette
même notion au plan théorique. Il y a de quoi, en effet, être effrayé. Une
guerre de civilisation se déroule évidemment sous
nos yeux inaptes, de longue date, à plus rien saisir de phénoménal, une guerre
d'intensité variable et opposant deux monstres : l'archaïsme, le
non-contemporain, la réaction islamiques, d'un côté, et le libéralisme
moderniste-tolérant de l'autre. Ce conflit se traduit essentiellement, en
Europe occidentale, loin, très loin du champ de la production
réelle (ce qui est au passage un signe extrêmement encourageant
de haute compatibilité islamo-capitaliste) par la coexistence plus
ou moins pacifiée, par la police laïque, de plusieurs espace-temps symboliques
au sein d'un même espace prétendument public. Voici un couple de
lesbiennes radicales, attablées en terrasse avec un transgenre de leur
connaissance et devisant ensemble de la perspective de légalisation prochaine de la
GPA pour les couples homosexuels par l'Assemblée nationale. À quelques mètres
de là, dans la même rue du vingtième ou du onzième arrondissement de Paris, à
la sortie de certain temple monothéiste, une toute autre convivialité suit son
cours, en perruques et jupes longues hassidiques ou voile islamique, au choix, mais
également sexuellement obsédée par la «pudeur» féminine,
et vouant, sans aucunement penser à mal, la première
convivialité (saphique-tolérante) au même enfer simplement objectif,
dogmatique, bref théologique, c'est-à-dire sans question, au point de ne lier,
par conséquent, avec ladite convivialité infernale que des relations «citoyennes» fortement
distendues, sinon réduites au minimum. Souvent, pourtant, ces temps-ci, les lesbiennes
radicales défendent farouchement les femmes voilées en
tant que telles (le hassidisme, lui, étant intégralement tabou,
fût-ce pour assurer sa défense éventuelle au nom de la diversité des «cultures»), contrairement
au vieux féminisme bourgeois résiduel ayant du plomb dans l'aile (à défaut,
comme l'ex-rédaction décimée de Charlie-Hebdo, d'en
avoir pour l'instant reçu ailleurs pour prix de ses insupportables blasphèmes).
Ce «droit inaliénable» à l'aliénation, et en l'espèce à porter
le hijab ou le niqab dont les
femmes, en terre d'Islam, se trouvent, rappelons-le, impitoyablement privées sous
peine de persécution et de mort, figure, comme on le sait si
l'on est un lecteur régulier des livres inestimables produits à chaque seconde
par les Éditions de La Fabrique, chez
nos anti-patriarcat d'Occident, le modèle glorieux de toute révolte féminine
authentique. Il demeure, cependant, singulièrement plus rare que la réciproque
soit vraie, et que les femmes voilées militent avec ferveur en
tant que croyantes pour le droit des homosexuelles à jouir comme elles
l'entendent, aussi fréquemment et librement qu'elles soient susceptibles de le désirer. Chacune
des deux communautés représente, en vérité, l'enfer quotidien de l'autre, la
différence résidant dans l'acceptation plus ou moins honnête de ce fait, la
possibilité, plus ou moins verrouillée par l'obligation religieuse ou
crypto-religieuse - à direction toujours masculine - d'une telle
acceptation. Telle est la modernité libérale
du moment, du moment de cette non-rencontre
perpétuelle, dans sa version bancalement tolérante d'atomisme idéal.
Un atomisme que la religion ne vient somme toute ici que couronner, renforcer,
sanctifier, consacrer pour jamais, à la
faveur de ses ignobles et habituelles postures d'éternité.
merci pour ça, mon petit moine ! baisers...
RépondreSupprimerHum.
RépondreSupprimer