samedi 29 décembre 2018

L'appel de Commercy



En lien avec la vidéo ci-dessus, on transmet l'appel suivant.  

« Bonjour,

2 ème Appel des Gillets Jaunes de Commercy : 
assemblée des assemblées à Commercy.

Si vous êtes intéressés par notre démarche, relayez cette vidéo et ce message en masse.

Nous proposons que l'assemblée des assemblées se tienne le samedi 26 janvier à 14h à Commercy ou environs.

Ordre du jour et modalités pratiques à venir sur notre page Facebook "Les Gilets Jaunes de Commercy": 

https://www.facebook.com/Les-Gilets-Jaunes-de-Commercy-440617629803047/?ref=br_rs

Inscription et remarques à adresser sur giletsjaunescommercy@gmail.com

Hébergement possible sur demande.

N'hésitez pas à nous contacter si possible avant le 13 janvier 2018.

Solidairement,

Un Gilet Jaune de Commercy


Notre adresse : 
La cabane des gilets jaunes
Place Charles de Gaulle
55200 COMMERCY (FRANCE) »

17 commentaires:

  1. Les petits contre les gros, en somme.

    « Nous avons compris que nos véritables ennemis, ce sont les quelques détenteurs d’une richesse immense qu’ils ne partagent pas : les 500 personnes les plus riches de France ont multiplié par 3 leur fortune depuis la crise financière de 2008, pour atteindre 650 milliards d’€ !!! Les cadeaux fiscaux et sociaux faits aux plus grandes sociétés s’élèvent également à plusieurs centaines de milliards par an. C’est intolérable ! »

    Seul un quart des salariés le sont dans un très grande entreprise. La moitié est exploitée dans une TPE/PME. Rien donc sur la lutte des classes, autrement que dans un sens très grossièrement sociologique (les bonnes vieilles « deux cents familles »), c'est à dire rien sur les classe comme rapports de production, rien sur le travail, l'exploitation, la réification. On reste dans quelque chose de profondément inclusif, la démocratisation visant à mettre au pas « ceux qui s'en mettent plein les poches ». Il n'est à aucun moment question de décider collectivement ce qu'on produit et comment on le produit. La vie continue à passer par une patiente accumulation de marchandises, ce que ne manque d'ailleurs pas de traduire la faiblesse pathétique des propositions écolo (faire circuler les merdes sur rails, colmater ses fenêtres et être gentil avec la planète).

    1789, pourquoi pas, surtout si on se souvient qu'il débouche sur 1791. 1968, j'ai beau écarquiller les yeux, vraiment je ne vois pas le rapport, hormis une certaine superposition d'images.

    « Dans le développement complexe et terrible qui a emporté l'époque de la lutte des classes vers de nouvelles conditions, le prolétariat des pays industrialisés a complètement perdu l'affirmation de sa perspective autonome et, en dernière analyse, ses illusions, mais non son être. Il n'est pas supprimé. Il demeure irréductiblement existant dans l'aliénation intensifiée du capitalisme moderne : il est l'immense majorité des travailleurs qui ont perdu tout pouvoir sur l'emploi de leur vie, et qui dès qu'ils le savent, se redéfinissent comme le prolétariat, le négatif à l'œuvre dans cette société. [...] Aucune amélioration quantitative de sa misère, aucune illusion d'intégration hiérarchique, ne sont un remède durable à son insatisfaction, car le prolétariat ne peut se reconnaître véridiquement dans un tort particulier qu'il aurait subit ni donc dans la réparation d'un tort particulier, ni d'un grand nombre de ces torts, mais seulement dans le tort absolu d'être rejeté en marge de la vie. »

    G. Debord, La société du spectacle § 114.


    Le travail tue, le travail paie
    Lee temps s’achète au supermarché
    Le temps payé ne revient plus
    La jeunesse meurt de temps perdu.

    Les yeux faits pour l’amour d'aimer
    Sont les reflets d’un monde d’objets
    Sans rêves et sans réalités
    Aux images nous sommes condamnés.

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    1. "Rien sur la lutte des classes, autrement que dans un sens très grossièrement sociologique (les bonnes vieilles « deux cents familles »), c'est à dire rien sur les classes comme rapports de production, rien sur le travail, l'exploitation, la réification".

      En un mot, vous voudriez que la révolution aie généré sa conscience avant même qu'elle ait réellement commencé. Un tel point de vue me semble relever d'une forme de pensée magique. Mais bon ça entretient en tous cas une très confortable bonne conscience "révolutionnariste".

      On vous préviendra quand toutes les conditions objectives seront enfin réunies, je ne doute pas qu'alors vous pourrez mettre au service de la révolution votre profonde vision stratégique.

      Nestor M.

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    2. Pour être juste avec Commercy, il semble que ces problématiques ont quand même été abordées lors des débats. Dommage, donc, qu'il n'en reste rien dans cet appel, désespérément en phase avec la tête moisie du mouvement. À noter qu'il y a sur place une asso qui prône le municipalisme libertaire. Même si Bookchin ne me fait pas spécialement sauter au plafond et si ça reste un municipalisme sans municipalité (le modèle étant la première Commune de Paris, ce qui peut expliquer qu'encore ici la Marseillaise est préférée au Temps des Cerises), c'est tout de même un horizon beaucoup plus intéressant que de scotcher sur RICky la Belle Vie.

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  2. @ Vilbidon (qu'on salue et à qui l'on souhaite la bonne année) :

    "Les petits contre les gros", vous savez, par les temps qui courent, c'est déjà pas si mal, c'est même un excellent début. Ca nous change des Noirs contre les Blancs. Avez-vous d'ailleurs remarqué combien on aura mieux respiré depuis sept semaines (au milieu des lacrymogènes), et combien l'on respire mieux, de manière générale, dès lors que les racialistes et autres post-modernes gauchistes ont déserté l'espace public oppositionnel ? C'est à ce qu'indiquent ce genre de boussoles inversées qu'on sait que tel ou tel moment historique vaut qu'on s'y intéresse (même s'il n'a pas assimilé la loi de la valeur marxienne ou d'autres subtilités métaphysique de même farine). La lutte des classes purifie.

    Le rapport entre 2018 et 1968, dites-vous ?
    La chose nous paraissait évidente : les Champs-Élysées...

    Un vieux slogan autonome des années 80 invitait, assez justement :
    "Ne dites pas de conneries, faites-les !"
    Il semble qu'il ait été entendu jusqu'à ce jour, et jusque, par exemple, à la préfecture du Puy-en-Velay.

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    1. " Ceux-là ne faisaient pas de révolution ce soir-là, et n’en parlaient pas du tout. On a tout à fait le droit de les trouver négligeables. Mais pourtant, qui sera la base d’une révolution, en Espagne comme ailleurs, sinon des gens comme eux ? " (extrait d'une lettre de Guy Debord à Jaime Semprun, le 26 décembre 1976)

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    2. « "Les petits contre les gros", vous savez, par les temps qui courent, c'est déjà pas si mal, c'est même un excellent début. Ca nous change des Noirs contre les Blancs. »

      C'est sûr ! Au moins on parle pognon, le nerf de la guerre sociale, autrement plus emmerdant pour le pouvoir que des histoires de dignité, mémoires et performations discursives. Nous restent quand même les adeptes du racisme qualité France qui y voient leur petit match retour de février 34. C'est l'époque qui veut ça : rouge, jaune, noir, brun, 40 ans de javellisation idéologique on fait du dégât, et c'est une source de première main qui vous parle. Salutation à vous également, et bonne année à tout le monde !

      « Allez, t'en fais pas Carlo, ça s'arrangera.
      — Quoi ? Qu'est-ce qui s'arrangera ?
      — Tout ! Tout s'arrange toujours !
      — Pauvre type ! Rien ne s'arrangera jamais, tant que tu ne seras pas capable de voir le présent avec les yeux de l'avenir. Sans ça tu patauges dans la merde ! Tout ce que tu pourras faire vaudra pas un pet de lapin, tant que t'auras pas compris ça. Faut partir d'une exigence absolue, même si elle peut paraître lointaine à première vue, et te dire je ramène tout à cette exigence. Et à partir d'elle, je regarde ce qui est possible. Non pas rafistoler les bouts de ficelles à la petite semaine pour raccommoder le sordide présent comme n'importe quel politicien centre-gôche ! »

      (Bien la seule chose de Suisse qui me fasse rêver en ce moment : Charles mort ou vif d'Alain Tanner, 1970. Pour ceux qui ont eu la chance de le voir, cf. également l'« éducation » de Paul.)

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  3. Allez, Guy-Ernest, dernière : " Ceux-là ne faisaient pas de révolution ce soir-là, et n’en parlaient pas du tout. On a tout à fait le droit de les trouver négligeables. Mais pourtant, qui sera la base d’une révolution, en Espagne comme ailleurs, sinon des gens comme eux ? " (Debord à Semprun, 26 déc 1976)...
    Des Gilets Jaunes de l'époque, quoi...

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    1. Il y a une petite différence entre critiquer des gens chez qui on a été bouffé et la déclaration solennelle d'une assemblée entendant agir par et pour « le Peuple ». Les prolos espagnols ne prétendaient certainement pas instruire Semprun de ses « vrais ennemis ». La Révolution est bien le fait des prolos assemblés, mais des prolos assemblés ne donnent pas automatiquement la Révolution, et sur les bases actuelles je ne suis donc personnellement pas bien sûr d'aimer beaucoup plus le régime qui vient que le précédent. Si cependant vous voulez entendre des gens pas méprisants, vous pouvez écouter l'émission à chaud de vosstanie à ce sujet. Du début très enthousiaste aux réserves de la fin, je vous laisse juger ce qui prend le plus corps.

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  4. Certes. Extrait à remettre dans son contexte (Debord reproche à J. Semprun son mépris "puristes" de jeunes chômeurs "prolétaires concrets", avec qui tous deux viennent de partager un repas.

    On a oublié de notre côté où exactement Debord raille Ratgeb et son "autogestion généralisée" prompte à stigmatiser "l'inconscience tragique" de grévistes coupables de ne pas déclarer "dans les trois jours " (de mémoire) la Commune et l'abolition du salariat, depuis leur usine occupée. Avis aux philologues et historicistes éventuels !

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  5. Vous y verriez plus clair en lisant Agitation Autonome !
    https://www.facebook.com/GenerationIrrecuperable/posts/2220882011508585?__tn__=-R

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  6. Vous êtes vraiment méchant.
    De nous faire rire comme ça.

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    1. Attention désormais les d'Agitation Autonome sont "participant·e·s" du mouvement des GJ : http://www.sortirducapitalisme.fr/emissions/273-le-mouvement-des-gilets-jaunes.
      Qui l'eût cru après leur premier texte ? https://agitationautonome.com/2018/11/22/des-gilets-jaunes-a-ceux-qui-voient-rouge/

      Apprécions leur brillante analyse a posteriori : "Le traitement médiatique et policier réservé à cette mobilisation en dit également long sur le degré de menace qu’il représente pour l’Etat et l’économie : journaux télévisés complaisants envers ce qui aurait été qualifié d’émeutes dans tout autre contexte, interventions policières relativement rares et peu violentes pour des rassemblements non-déclarés et donc illégaux, Le Monde qui parle de « bilan sécuritaire contrasté » alors qu’on fait état d’un mort et de centaines de blessés car il n’y a pas eu de casse matérielle… "

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  7. Il ne s'agit pas de condition objectives, mais de base. S'il n'y a pas d'huile dans la mayo, vous pourrez travailler du poignet longtemps en comptant sur la transmutation spontanée du jaune d'œuf, aussi forte soit par ailleurs la moutarde...

    Comme je le disais sous un autre post, cramer (ou même mieux détourner) certains lieux de travail serait un pas dans la bonne direction. Il n'y a pas besoin d'avoir lu une ligne de Marx ni de Debord pour réaliser qu'on passe sa vie pressé comme un citron à filer du diabète et des maladies cardiovasculaires aux gens, ou à les harceler pour leur fourguer tout un tas de merdes auxquelles, précisément, ils n'auraient jamais songé sans cela. Sans même aller jusqu'à ce type de manifestations, une simple connerie comme la revendication du revenu universel (c'est pas plus con que d'exiger la fin des délocalisations) aurait sans avoir l'air d'y toucher indiqué un ébranlement dans le rapport d'équivalence entre l'utilité sociale et le fait d'arriver à échanger son travail, à un doigt tâtonnant du cœur de la reproduction capitaliste.

    Je ne cite pas Debord comme on se réfère aux Évangiles, mais parce que la redéfinition du Prolétariat qu'il opère dans ce paragraphe me paraît extrêmement juste et appropriable par tout un chacun (en tout cas, moi ça m'a immédiatement parlé). Que la plupart des travailleurs doivent tapiner pour gagner la chance de perdre leur vie à produire de la merde, si toutefois ils ont encore la chance de produire quelque chose, et que cette merde soit de surcroît l'horizon indépassable de toute la société au point que perturber les équilibres écologiques est bien la seule chose que le capitalisme fasse gratuitement, ça ne me paraît pas une intuition absolument hors de portée par les temps qui courent.

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  8. Sauf, Vilbidon, qu'il ne s'agit précisément pas de "mayo", d'"huile" ou de "moutarde", mais d'êtres humains ayant été dépouillé de ce qui fait leur dignité d'être humain, en plus de l'être, pour beaucoup, des plus minimales possibilités ANIMALES de survie économique. Ces gens-là sont en effet tout simplement INVISIBLES pour les riches : ils ne sont "rien". Ou, plutôt, ils l'étaient, jusque voilà sept semaines. Sept semaines de lutte, de révolte et de conscience progressivement croissante. Plus rien ne sera comme avant. La révolte est première, tout le reste en découle. Imaginez : des gens ayant désespéré à ce point de toute confiance en eux, de toute confiance en leur force, en leur effectivité, en leur puissance... et qui la découvrent. Tout le reste est à découvrir, désormais, et le sera.

    Enfin : comment imaginer que le seul "réformisme" ordinaire se soit rendu ici responsable (au sens noble du terme) des centaines de caisses brûlées, de la panique installée chez les riches du centre-ville du pays entier (dont certains hôtels furent brûlés), de dizaines d'attaques de banques, de péages VINCI, de charges offensives jamais vues depuis des décennies contre la flicaille... et aussi de cette vague incroyable, chez les prolos, de socialisation et d'envie de socialisation, de solidarité de classe, de critique de l'urbanisme policier (le rond-point détourné, etc etc).

    À ce compte, Thomas Münzer, Joss Fritz et leurs potes devraient aussi se voir rembarrés, non ?

    La rencontre de l'homme et de sa conscience d'homme doit être célébrée sans conditions, en tout cas dans une situation où cette rencontre était programmatiquement interdite. C'était le cas dans la Macronie triomphante de l'avant-gilets jaunes.

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    1. Je ne dis pas que les gens sont de l'huile, je dis qu'ils ne sont visiblement pas réunis pour faire une mayo, c'est très différent. « Qui ne travaille pas, ne mange pas » a aussi été un mot d'ordre de soulèvement tout ce qu'il y a de plus violemment prolétarien. L'homme est une créature de fantasmes, qui sous-tendent toute sa vie sensible. Il n'est pas question de remettre en cause les modalités d'une juste colère, mais on ne peut faire l'impasse sur l'imaginaire d'un mouvement.

      Ce n'est pas du réformisme, c'est du citoyennisme radical, qui n'a rien de surprenant. Macron est un président amateur élu sur un coup de bonneteau après un Hollande qui avait déjà été en dessous de tout, alors même qu'on n'attendait pas grand chose de lui à part éjecter l'insupportable Sarkozy. Aussi n'est-il pas étonnant que le gros des revendications ressortant des compte-rendus des assemblées tournent autour de la gestion de l'argent public (impensable sans derrière l'impôt et le travail), donc de la reprise en main de l'État (protecteur et garant de la cohésion sociale). J'entendais d'ailleurs dernièrement un éditoxpert relever qu'il était décidément bizarre de demander de l'argent à l'État et pas à son employeur. Évidemment, ce fumier tablait sur une hypothétique atomisation de la contestation, mais il a quand même bien perçu l'angle mort du mouvement. Sans aller jusqu'à dire qu'on a là quelque chose de Rouge-Brun (manque l'élément essentiel de la culture du chef/parti), ça n'est quand même pas très Rouge-Noir. Regardez comment les positionnements extrême-droite/gauche ont bougé dans la dernière décennie (le FN a pris des accents très LO tandis que Mélenchon s'est recentré sur un keynésianisme plus cocorico tu meurs), on reste dans l'air du temps.

      Après, je n'ai jamais été très bon prédictologue. Alors peut-être qu'on va avoir, à la manière des piqueteros argentins pour prendre quelque chose de formellement proche, des réquisition-redistributions de produits et des expropriation-appropriations des moyens de production, que lorsque Bruxelles va vouloir siffler la fin de partie la réponse ne sera pas un Frexit à la con mais une fédération des assemblées de toute l'Europe, et qu'à la fin de Lisbonne à Riga on accueillera les gens aussi avides de savoir comment va la vie dans leur pays que pressés de leur faire goûter la sienne, tout en commentant les dernières nouvelles du soulèvement chinois. Vraiment, je ne demande qu'à me planter dans les grandes largeurs.

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  9. Le 18 mars 1871, il s'agissait d'abord et avant tout de protéger les canons (achetés par souscription) de la garde nationale. Cela aurait sans doute été jugé dans le contexte de l'époque par les Internationalistes comme du "citoyennisme radical". Mais le propre des révolutions est d'être un "processus" où rien n'est jamais figé...où tout évolue toujours.

    Nestor M

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    1. Je suis d'accord, mais sans même prendre en compte qu'on est à une époque complètement différente de celle la Commune, vous voyez quelque chose dans les revendications qui ressemble même vaguement au programme communard ? Au bout de 9 semaines (presque toute la vie de la Commune), fachos et gauchos continuent à se retrouver dans le mouvement sans que personne sente la nécessité de clarifier les lignes, et le gouvernement a même pu encore pourrir un peu plus la vie des chômeurs sans susciter plus d'émoi que cela.

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