Als das Kind Kind war...
« Un matin,
tout enfant encore, je me tenais sur le seuil de la maison et je
regardais à gauche, vers le bûcher, lorsque soudain me vint du ciel,
comme un éclair, cette idée : je suis un moi, qui dès lors ne me quitta plus. Mon moi s’était vu lui-même pour la première fois et pour toujours. »
(Jean-Paul Richter)
« Le Je que nous sommes, le Nous que je suis. »
(Hegel, Phénoménologie de l’Esprit)
(Jean-Paul Richter)
« Le Je que nous sommes, le Nous que je suis. »
(Hegel, Phénoménologie de l’Esprit)
***
Grandeur inaltérable,
vertigineuse - toujours - de la prise de tête alboche. Médiocrité, en comparaison, de la théorie françaouie, dont seuls provoquent la sympathie - certes
indéfectible - le matérialisme
jamais démenti de l’inspiration et des emportements, le réalisme spontané des colères (cet invincible socialisme tant apprécié de Marx).
Lien efficace établi par
Shaw - étudiant la Tétralogie - entre Réforme et Anarchie (Siegfried
protestant).
L’Anarque de Jünger. Un monarque de lui-même, dictateur
autarcique de sa propre conscience, régnant sur elle d’une liberté infinie,
toute vaine et solitaire soit-elle. Création d’un alboche pourtant catholique formel (tardif, il est vrai, voire carrément final).
Marcuse : « La réforme luthérienne avait annoncé un Royaume de
beauté, de liberté et de moralité invulnérable aux réalités et aux conflits du
monde extérieur ; ce Royaume était retranché d’un état social lamentable, et
ancré dans l’âme de l’individu. Ce domaine est devenu la réalité véritable transcendant la médiocrité pitoyable des
conditions régnantes ; c’est l’asile de la vérité, du bien, de la beauté et du
bonheur (...). La culture allemande est donc essentiellement idéaliste, attachée à l’idée des choses plus qu’aux choses elles-mêmes. Elle donne le pas à la
liberté de pensée sur la liberté
d’action, elle met la moralité
avant la justice, la vie intérieure avant la vie en société. Cette culture
idéaliste, toutefois, précisément parce qu’elle s’isole d’une réalité
intolérable, préserve intacte sa propre intégrité. Elle a servi ainsi, malgré
des consolations et des embellissements illusoires, de dépôt aux vérités non
encore réalisées dans l’histoire de l’humanité. »
Apparition dans un tel
contexte (gratiné) du motif du Double, du Doppelgänger : développement organique à soi-même, en soi-même, de sa propre adversité, et genèse nécessaire - par extraction
automatique du donné sensible - de l’Abstraction.
Kant et Fichte, autant que les romantiques overdosés de mythes.
Nécessité
albochément admise et partagée d’une croissance de l’Âme (c’est-à-dire
de la Réalité), obéissant à des impératifs de rythme aussi
incontestables et impérieux
(quoique largement inconnaissables autant qu’ils sont en cours) que ceux
gouvernant les étapes de chaque existence humaine déterminée (Aufhebung de l’enfance). Fécondité extrême du thème du Double en psychanalyse. L’angoisse périlleuse qu’elle révèle chez une subjectivité, ces grands conflits qui la minent. Grandeur finale, tout de même - face
à Freud - de Hegel, l’alboche-françaoui : chez lui, l’inquiétude, l’inquiétante étrangeté du Double n’a, malgré tout, qu’un temps et s’épanouit à la longue en histoire collective, en
histoire politique. Sans que ce
chemin, jamais, ne cesse d’être celui ni du doute ni du désespoir individuels (du fait de la ruse méchante de la Raison générale). Sans que le procès de Culture, jamais, ne cesse d’être ni déchirement ni
souffrance.
Caractère douteux - sans
compter qu’elle soit laide - de l’anecdote autobiographique de Heine au sujet
de Hegel, rapportée dans l’excellent Freud avec les écrivains, de Pontalis et Gomez Mango : « Par une belle nuit étoilée nous étions tous deux
devant la fenêtre, et moi, jeune homme de vingt-deux ans, qui venait de faire
un excellent dîner et de prendre le café, je parlais avec exaltation des
étoiles et les appelais le séjour des bienheureux. Mais le maître grogna pour
lui-même : Les étoiles, hum, hum, hum, les étoiles ne sont qu’une éruption
de furoncles lumineux au ciel. »
"les étoiles ne sont qu’une éruption de furoncles lumineux au ciel".
RépondreSupprimerAvec une telle absence de vision (au sens rimbaldien du terme) comment cet homme a-t-il pu prétendre défricher notre ciel intérieur ?
Zill
C'est précisément ce qui nous pousse à douter de la véracité de l'histoire.
RépondreSupprimerMoi je la crois absolument vraie, ce n'est pas notre ciel intérieur qui intéressait Freud et ses adeptes, mais notre "mécanique" mentale socio-psychologique. Les vrais poètes ne s'y sont pas trompés d'ailleurs qui ont dénoncé dans le structuralisme la nature véritable de la psychanalyse. S'il fallait une preuve à la véracité de l'anecdote citée, il suffit de voir à quelle misère et indigence intellectuelle nous a mené un siècle de soi-disant émancipation mentale: cette misère et cette indigence signent son caractère anti poétique.
RépondreSupprimerZill
Ce que vous dites de Freud (ou du freudisme) n'est pas sans pertinence.
RépondreSupprimerMais, en l'occurrence, c'est Hegel que l'anecdote concerne.
Et c'est là que - concernant le bonhomme - sa complète véracité nous surprendrait.