Illustration pour le Dr Faustus de Christopher Marlowe, vers 1616.
Ce
n'est pas tant les interprètes ou la direction musicale de Michel Plasson qui
soient en cause. Ils sont, de manière générale, irréprochables. Certes, les
décors de Johan Engels sont laids, ou plutôt insignifiants. Mais cette insignifiance, précisément, qui fait tout le problème, n'est pas contemporaine. Sa cause est plutôt à chercher dans l'impossibilité
philosophique française, dans la trivialité traditionnelle des tentatives
d'adaptation ou d'acclimatation françaises de cette grande pensée allemande de l'inquiétude. D'où venait que, plus jeunes, nous admirions
tellement ce Faust de Gounod ?
Serait-ce parce que nous étions encore des enfants, l'inquiétude, peut-être, ne
devenant un véritable besoin que
plus tard ? Notre déception, en tout cas, l'autre soir, à l'Opéra de Paris
n'était point circonstancielle. L'Opéra de Paris n'avait, lui, au fond, jamais
changé. Le Faust de Gounod – dont
la musique, ce soir-là, nous aura aussi étonnamment ennuyés, surtout vers la fin du premier acte, et en-dehors
de quelques belles séquences – y triomphait en 1859 pour d'excellentes raisons.
Ces raisons sont, dans l'ensemble, demeurées, au moins à l'état de traces. À
cette époque exactement, le Tannhäuser de Wagner se trouvait attaqué, sur les lieux même de ce triomphe, par
les admirateurs ordinaires de ce Faust-là : bagarres dans la salle, cris, scandale... Quoi
qu'on puisse penser de Wagner, ce dernier était alors un exilé tricard, banni
d'Allemagne où il avait participé à une insurrection prolétarienne avec
Bakounine et d'autres amis condamnés à mort du même genre. Les bourgeois de
Paris, et l’aristocratie du Jockey-club, ne faisaient que se défendre, après
tout. Pour expliquer ce scandale, pourtant, il y avait autre chose, quelque
chose d'aussi politique, voire
plus encore, que les options wagnériennes conscientes de ce temps. La
bacchanale introductive de Tannhäuser posait des soucis autrement compliqués que les timides messes noires
de Gounod, et les stimulations grasses dont celles-ci excitaient physiquement
le bourgeois français livré à ce frisson pathétique. Tannhäuser, le personnage,
est d'entrée de jeu installé chez Vénus. Il ne manque, pourrait-on dire, de rien en termes de sensualité. Ce qui le fatigue, dès le
départ, c'est justement cette volupté même. Elle le lasse, comme le lassera, plus tard, l'abstinence
chrétienne contraire qui, pour l'heure, le
pousse à sortir de sa grotte vénusienne pour aller voir si l'herbe de la morale
est plus verte ailleurs, mais qui le ramènera néanmoins sans faute (Aufhebung) en fin de compte à Vénus (laquelle, d'ailleurs,
l'accueille en ce retour sans questions ni reproches, et tel est bien, alors,
le sommet d'émotion et de beauté de l'oeuvre). La société qui signifiait ainsi
à Gounod sa faveur, et à Wagner sa haine laissait en même temps apparaître son
refus terrorisé de toute spéculation
(philosophique) dangereuse, le refus de voir, partout dans l'art, l'inquiétude humaine, comme reflet du réel, concurrencer les
simplicités réifiées de l'argent. Cette terreur de voir les processus, partout, remplacer les faits - que ceux-ci concernent le coeur de l'individu ou
la totalité du monde - est restée une terreur absolument française. Ce qui ne
signifie pas, naturellement, que les Français n'aient pas d'autres qualités. À commencer par celle
de ne pas exister.
***
La
scène primitive de l'apparition de Méphisto est plutôt bien négociée par le
metteur en scène Jean-Romain Vesperini. Elle est simple, efficace et pleine
d'allant. Elle n'est point trop défaillante en termes de fidélité à Goethe, à ceci près que cette fidélité reste tout extérieure. Voilà pourquoi cette première apparition du diable
est aussitôt immensément décevante. Elle s'en tient à la mise, à l'allure, à
l'assurance supérieure du paraître social. Et quant à la définition du diable, du besoin diabolique chez
l'homme, nous retombons là devant un pur
néant d’idée. Ou du moins, voilà le minimum syndical appliqué aux attraits de
la nouvelle jeunesse, de la bouleversante
possibilité de recommencer sa vie, laquelle
est ici essentiellement envisagée comme une pauvre modification
corporelle, bien loin de cette jeunesse
comme art, dont parlait Oscar Wilde, très loin, surtout, de ce projet faustien
médiéval, puis goethéen, impliquant le diable comme développement
négatif nécessaire de l'homme. Un projet
radicalement hostile - de fait - au manichéisme chrétien. Une fois de plus,
c'est tout ce que le Faust de
Goethe promet entre les lignes qui se trouve ici complètement imperceptible quoique
jeté justement en pleine lumière et, pour
tout dire, refoulé avec grossièreté. Jacques Le Rider a raison lorsqu'il voit
(n°23 de En scène) dans le Faust
de Gounod " une re-catholicisation assez nette du mythe " et lorsqu'il estime que " Goethe
avait déjà sensiblement modifié le mythe de Faust : en faisant de
Méphistophélès un diable humain, trop
humain, sorte de double du héros ; en centrant son drame sur la
relation Faust-Marguerite - ce qu'on appellera le "masculin" -
dominateur et destructeur - exploitant éternellement un "féminin"
victime de ces excès" (nous contestons
cependant l'importance de ce dernier aspect genré de son analyse). Mais
l'essentiel est ce qu'il dit ensuite : "Lorsque Gounod s'empare
à son tour du drame, il reprend ces éléments goethéens mais leur donne une
coloration plus française. Sa
vision est davantage conforme à la tradition opératique du XIXème siècle : une
grande histoire d'amour et de moeurs entre un bel et fol étudiant et une jolie
et pure jeune fille. Il ramène Faust sur terre et, de ce fait, l'embourgeoise
quelque peu." (ibid.)
Tu
m'étonnes.
***
On s'est beaucoup étonné que la
fortune de la légende de Faust ait été
si tardive en France (depuis Marlowe et la fin du seizième siècle), que sa
réception finalement si glorieuse, avec la traduction de Nerval et le
romantisme, s'y soit fait à ce point attendre. Ce succès tardif n'aura reposé
que sur le caractère irrémédiablement exotique de la pensée allemande, ses séductions (opérant
sur un esprit français littéralement sidéré ou épouvanté) de lointaine,
d'anormale, d'inquiétante
étrangeté (songeons à la difficulté de
traduction française de ce dernier terme : l'Unheimliche allemand, comme de tant d’autres). Il s'agit de
résister à ce monstrueux-diabolique qui nous appelle, de tenter d’exorciser la
puissance inquiétante de cet appel en en exhibant une version inoffensive,
compatible avec les exigences du jour, qui sont les exigences de l'Ordre.
Gounod nous montre un Faust rêvant d’une banale volupté de chair. Il évite
d'aborder l'origine divine - et sécessionniste - du diable. Les grands voyages
universels étourdissants le passionnent beaucoup moins que les petites jeunes
filles piquantes, ou les choeurs de soldats (comme ce bas de plafond de frère
de Marguerite) s’en allant virilement conquérir l’Annam, ou pacifier l’Algérie,
entre deux morceaux de bravoure alcolisés. Et à propos des meufs (on est quand
même le 8 mars, après tout), L'air des bijoux de Marguerite est sans doute, chez Gounod, fort charmant (en français dans le texte) mais, enfin, la lourde
morale qui en ressort pourrait se voir ainsi résumée : offrez un collier et des
boucles d'oreilles un peu chères à une dame pauvre, et vous la verrez aussitôt
transformée en vraie dame, munie
des inévitables faiblesses correspondantes. Tout ça, évidemment, nous gonfle
pas mal. Mais la bourgeoise s'extasiant, elle, devant le Faust de 1859 se sent ainsi rassurée à deux niveaux. La
prostitution légale la couchant chaque soir, sous le nom de mariage, dedans le lit douillet de son barbichu d'agioteur,
pourra faire l'objet çà et là d'un discours artistique convenable. Oui, c’est
possible ! Surtout, la dernière chose que l'Église notamment, en tant que
fournisseuse de tendances réputée, pouvait arguer en faveur des pauvres, savoir : leur grande honnêteté morale
indéfectible, est immanquablement battue en brèche. C'est alors la Femme jouée contre la Pauvre, par l'entremise d'un tas de bijoux judicieusement
placés, comme on dit à la Bourse : l'éternel féminin campé par la bourgeoisie mâle, dans le but de
conjurer, vis-à-vis du peuple, le remords et l'angoisse torturants. "
Le compositeur rassure en quelque sorte son public en évitant les questions qui
fâchent : les questions qui ne trouvent pas de réponse..." (Jacques Le Rider, ibid.).
Tu m’étonnes.
***
" Je suis l'esprit qui
toujours nie". Ainsi se présente
Méphisto chez Goethe. Pas chez Gounod. On sait la fascination exercée par cette
phrase sur Hegel, le champion du négatif, par qui ce moment négatif est explicitement désigné, au plan spéculatif, comme le plus important
en regard du moment réconciliateur : “ Faust vacille entre les désirs
et la jouissance ; dans la jouissance, il languit de désir et de la sorte ne
cesse de consumer les satisfactions rencontrées en chemin, lesquelles sont
toujours relatives ou, pour mieux dire, ne sont pas de vraies satisfactions (...). Ici, par conséquent, à l’égard de
chacun des niveaux de plénitude atteints, le sujet se comporte avec autant
d’exigence que le sujet-objet de la Phénoménologie
dans sa relation dialectique avec chacune des formes de médiation qu’il a
successivement atteintes.” (Bloch, Sujet-objet, p. 71). L’homme et le monde sont ainsi faits que
l’insatisfaction les tient, que toujours l’esprit roule son chemin de manque et
de développement : individuel, collectif, éthique. Faust
est le moment historico-littéraire d’une telle aperception de cette confluence
entre le monde et la conscience individuelle à l’aune de
l’insatisfaction. Le monde se reconnaissant
dans son parcours, d’abord aveugle, et la recollection des étapes qui l’auront
ponctué, appelle dans cette reconnaissance finale, sa seconde jeunesse, la souffrance
individuelle comme son matériau adéquat. Ce
qu’on appelle, en d’autres termes, un Calvaire (le titre, d’ailleurs, d’un grand texte de Mirbeau
consacré à la jalousie et au désespoir amoureux) ! Le temps, et l’impossibilité
de rien concevoir de grand qui échappe à son emprise, l’impossibilité de fixer tout processus de pensée ou de désir, en positivité,
en chose, fournit à la fois la nécessité de l’Histoire et celle de la
souffrance. La Phénoménologie et Faust montrent tous deux “l’homme créateur de
son univers, comme un être qui, en le traversant, devient cet univers lui-même.
Faust est le sujet inquiet, insatisfait, qui veut faire l’expérience de tout ce
qui est imparti à l’humanité entière.”
(Bloch, op. cit.). Nous sommes
bien loin des exigences triviales de Gounod, de ses amours exclusives, ou
presque, pour de très pâles jeunes filles vivant dans des taudis “si
pauvres, et pour cela si honnêtes”... La
jeunesse est la possibilité d’embrasser le monde, le pouvoir des grands
recommencements mais aussi celle des grands désespoirs, du grand ennui insondable, de toutes ces autres
phases jugées statutairement inférieures, non-considérées par les philistins,
quoique spécifiquement humaines : soumettant, dans l’élément du Temps, les grands
moments de la vie à la puissance
spirituelle de l’oubli, de la comparaison, du ressouvenir. Le pari effectué par
le diable sur le dos de Faust est justement celui-ci qu’à un moment
ou un autre, Faust se fatiguera de découvertes,
qu’il abdiquera devant l’opacité, l’ineffable, le mutisme impérialiste de
l’instant de plaisir, sans vouloir plus le reconnaître pour ce qu’il est,
c’est-à-dire un relatif, malgré
tout, qui sera très vite oublié, relégué au profit du suivant, et encore un
autre, sans fin. Les curés ont toujours sanctifié l’instant, sous le nom d’extase. Par là, ils ont toujours
tenté d’installer, à jamais, dans les têtes et les coeurs, la certitude
immensément douloureuse de l’impossibilité d’une extase qui durerait. Le véritable bonheur, non-soumis au Temps, ne
commencerait qu’après le Temps,
qu’après avoir “retrouvé l’éternité”, selon le mot du très-catholique Rimbaud. Le contraire, en somme, de cette rébellion temporelle, de ce refus antisocial et
antithéocratique porté par Méphisto le négateur, capable de séduire autant
d’adeptes.... Goethe se débat avec cette contradiction. Le bonheur serait-il
essentiellement satiété ou manque ? “Le pari avec Méphisto définit ce
projet de façon plus précise ; négativement, c’est de se refuser à toute
flânerie sur un lit de repos ; positivement, c’est de ne pouvoir dire à aucun
instant, comme s’il était celui de la substantielle plénitude : Arrête-toi
donc, ô Instant, tu es si beau ! La visée de cet instant est proche parente de
la visée hégélienne de l’être-pour-soi, même si le contenu du pari faustien
sort bien davantage des limites de l’esprit pur et touche bien davantage au
monde qui entoure l’homme.” (Bloch, op.
cit.).
L’épaisseur mondaine, la chaleur
colorée de ce contenu sont certes incontestables. Reste que Hegel et Goethe –
Bloch le sait et le dit bien volontiers – sont tributaires des leçons du même
monde et de la même époque. Il n’est évidemment pas indifférent que Goethe termine
sa première partie du Faust, que Hegel achève sa Phénoménologie exactement au même moment : celui de la bataille
d’Iéna. Au “Je devenant un Nous” historique chez Hegel correspond le
devenir-monde, le déplacement historico-temporel de Faust sur son tapis volant,
à la rencontre des peuples et mythes de l’Univers entier. La misérable histoire
avec Marguerite est là évidemment dépassée. Chez Gounod, on s’en contente,
comme on se contente d’une très modeste (bien qu’assez agréablement tournée à
Bastille, cette fois-ci) nuit de sabbat (dite de Walpurgis), insuffisante parce qu’une fois de plus simplement
réduite à une partouze de qualité (pour être gentil) mais d’où la pure
inquiétude, le trouble, bref l’étrangeté du désir sont singulièrement absents.
Qu’on songe à ce qu’avait donné de la chose, trente ans avant Gounod, un
allemand : Weber, avec sa scène flippante de la Gorge-aux-loups, dans le Freischütz. La question, d’ailleurs, de l’insuffisance
fantastique de la langue française
elle-même coïncide avec celle de son impossibilité philosophique. Un boche vous
fera flipper, avec ses histoires de fantômes, autant qu’il vous fera gamberger
grave un peu plus tard : au cours de la même nuit, parfois. Oui, car le boche
aime la nuit, c’est même à ça qu’on le reconnaît, il lui tisse parfois des
hymnes et tout ça, et après ça finit par faire des problèmes sur le front de
l’Est, ainsi que Lukacs l’a parfaitement entendu et démontré. Bref. Lorsque
nous avions vu, donc, l’adaptation française (par Berlioz et ses potes) du Freischütz à l’Opéra-comique voilà quelques années, nous avions
pu nous convaincre, à notre grand dam esthétique, que le français sonnait là de
façon bien moins évocatrice, bien moins inquiétante, que l’allemand. Et pour
revenir à Gounod, inutile de préciser que jamais, cette question de l’Instant
auquel on demanderait de s’arrêter parce qu’il est si beau, ne se trouve développée. Le tout est de redevenir
jeune pour pécho la meuf, et puis la marier, et voilà tout.
***
La perception de la réalité,
cependant, du passage d’une misère à une autre, des sens à l’histoire était,
ironiquement, vu ce qu’on vient de raconter, réservé à des allemands sur
lesquels l’influence de la Révolution française était la plus forte. Raison pourquoi, précisément, nous continuons d’estimer,
avec beaucoup de personnes sensées et sérieuses, que cette Révolution présente
encore quelque intérêt, tout comme ce concept d’Universel qu’elle présuppose idéologiquement, et qu’on ne
saurait définir uniquement comme ce qui opprime les camarades
indigènes du Tiers-monde dans leur projet innocent de se consacrer tranquilles,
dans leur coin, à des divinités totalitaires inquestionnables. Chez Goethe,
chez Hegel et quelques autres, l’unique développement valable (au plan
subjectif : l’unique porte de sortie)
de la souffrance individuelle est bien celui qui lie entre eux les sorts,
transformant le malheur individuel en nécessité collective, et réciproquement.
C’est la raison pour laquelle le Faust de Goethe est aussi peu romantique que
réaliste, à strictement parler. Il sera l’un et l’autre. Goethe saisit cette
légende encore jeune, il la terminera vieillard. Jamais l’oeuvre littéraire,
l’oeuvre d’une vie et l’évolution historique objective n’auront autant
coïncidé. “ Ce n’est sans doute pas un hasard, bien que le plan de Faust soit conçu dans la jeunesse de
Goethe, si l’ensemble de l’ouvrage ne s’est concrétisé qu’au cours de cette
période [la victoire de la Révolution
française] ; c’est seulement maintenant qu’il dépasse les limites du
petit monde, de la tragédie de Marguerite, pour entrer dans le grand monde,
celui de la maîtrise de sa vie par l’homme nouveau (...) Chez Goethe, le
rapport entre l’affirmation et la négation de la tragédie est devenu plus
intime et plus dialectique, l’évolution de l’espèce, de l’humanité entière
constitue un progrès que rien ne peut enrayer, mais l’espèce n’existe que par
les individus qui la constituent et les efforts de ces individus restent
toujours et partout tragiques. L’évolution en soi non tragique de l’humanité
est donc constituée par une série ininterrompue de tragédies individuelles. Les
contradictions insolubles de la vie humaine, de la société, des périodes
historiques ne peuvent être surmontées que par l’ensemble de l’histoire
humaine.” (Lukacs, Brève histoire
de la littérature allemande, éd. Nagel, p.
71).
***
Bande de ploucs ! s’écria vertement la dame en vison, l’autre soir,
depuis le premier balcon de l’Opéra de Paris. Les ploucs en question n’ont pas
été identifiés par nos soins. Peut-être désignait-elle de la sorte ces
inévitables fâcheux incapables de se départir cinq minutes, en pleine montée d’aria, de leur insupportable I-phone, entre deux
toussotements intempestifs. Dans ce cas, nous apportons rétrospectivement tout
notre soutien et notre solidarité à la dame en vison, qui ne les refusera pas. Mais pourquoi, malgré tout, ce
terme de plouc, quand nous eussions dit, nous, mufle, connards, ou tout autre chose ? Le choix des mots vous crucifie sans doute aujourd’hui tout autant, à l’Opéra de Paris, qu’en
1859.
Note terminale du Moine Bleu :
Dans la même veine, les gars, les filles, un coup de Je-Nous, ça vous dit... ?
toujours fourré à l'opéra, le moine. Et votre sens prolitudinalo-systémik, alors ? pis sur votre 1er paragraphe, petite remarque, Les enfants sont les êtres les plus inquiets qu'on connaisse.
RépondreSupprimerInquiets ? Sans doute. Ou impatients. C'est cette impatience-inquiétude qui a un peu tendance à s'estomper ensuite. Raison pourquoi son BESOIN (c'est le mot que nous avons employé) n'apparaît - peut-être - qu'à l'âge adulte. Quant à l'opéra et au public qui le compose ordinairement, voir notre dernier paragraphe. Une bonne soirée.
SupprimerPour l'avoir vu également, ce Faust m'a fait l'effet d'un impuissant. Impuissant à comprendre l'ampleur de la liberté, l'ampleur de l'éternité libérée de toute contrainte, mais aussi de toute attache, donc frustrante d'individualisme assumé. Impuissant à aimer quiconque d'autre que l'évidente veuve, à qui il fera un orphelin, et ce avant même qu'elle ne soit veuve, puisque malheureuse élue pour sa tête de pauvre victime. Et impuissant tout court, face à un diable visiteur médical et dispensateur de Viagra.
SupprimerGounot confond plaisir et gaudriole, et sa bacchanale ne ressemble qu'à une vulgaire partie fine où les bourgeois s'escriment à culbuter leurs soubrettes.
Ce Docteur de la fin du 19ème siècle ressemble à s'y méprendre à un autre notable de la fin du 20ème siècle, ancien Directeur du FMI (jusqu'à Lagarde), qui a rejoint - lui aussi - les ténèbres des poubelles de l'Histoire, pour s'être, lui aussi, voué au culte d'Adam Satan Smith "je suis l'esprit qui toujours nique", et à sa conception libérale du monde et de l'amour.
Ajoutez à cela des bondieuseries à tous les étages, et vous avez, je vous le concède aisément, mon Cher Moine, le prototype d'un Opéra de merde.
Mais je ne suis pas spécialiste…
Moi aussi on m'a proposé d'y aller, mais j'ai refusé. Quand on a vécu l'Air des bijoux (vous le constatez : point d'I-phone, mais le monocle reste un incontournable de mes sorties à l'opéra) par le Rossignol milanais, on ne peut plus écouter Faust de Gounod.
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