jeudi 23 avril 2020

Les guerres d'Indochine de Khubilaï Khan (2) Victoire totale en Chine


Möngke mort, il faut désigner un nouveau maître à l'empire. Mais le grand-conseil de succession prévu à cet effet viole largement les règles élémentaires intangibles d'une telle réunion élective (nommée Quriltaï), au point que la plupart des historiens le considèrent comme un simple coup d'État orchestré par Khubilaï. La loi mongole (le Yassaq) disposait clairement depuis l'époque de Gengis Khan que le titre d'empereur devait traditionnellement revenir au dernier fils de ce dernier : à savoir Tolui, puis à ses propres descendants, ce qui n'avait empêché, jusqu'ici, ni frictions ni luttes d'ambition incertaines. Le Quriltaï décisif, en l'espèce, fut imposé aux conditions léonines de Khubilaï, l'un des fils de Tolui. Il se déroula, d'abord, en effet, à Chang-tou, très loin du coeur historique de la Mongolie, comme c'était l'usage. René Grousset note, en outre, que Khubilaï s'y fit proclamer Khan par ses seuls partisans, en l'espèce son armée, et que n'étaient présents à cette réunion que deux gengiskhanides reconnus (cf L'Empire des steppes, p. 352). La proclamation en question eut lieu en 1260. Il s'ensuivit presque immédiatement  (novembre 1261) une guerre avec son frère Ariq-Böke, chargé de veiller, pendant les guerres de conquête, sur la patrie mongole originelle, et qui s'était dans le même temps lui aussi déclaré Khan. Le conflit ne prendra fin qu'en juillet 1264, avec la défaite de ce dernier. Il prive au début Khoubilaï de l'accès aux vastes réserves de chevaux mongols, et lui fait surtout craindre, un moment, une alliance générale de toutes les factions gengiskhanides autour de son rival. Une fois celui-ci écrasé, la guerre de Chine peut reprendre. Les combats sont relancés en 1268. Les Song opposent jusqu'à la défaite finale une résistance héroïque. L'ultime bataille a lieu sur mer, au large de Canton, près de l'île Yai-Chen. Le 3 avril 1279, une escadre mongole y attaque la flotte adverse, partout empêchée de débarquer, et la taille en pièces, provoquant la mort du dernier prince Song, un enfant de 9 ans nommé Ti-Ping. Pour la première fois de son histoire (les Jürchen, futurs Mandchous, ayant échoué à mi-parcours, et leur empire s'étant effondré en 1234), la Chine toute entière tombe aux mains des assaillants du Nord. 
(Ci-dessus : l'Empire Mongol, réparti entre les successeurs de Gengis Khan, après la victoire Khubilaïde contre les Song)

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