« Je supposerai donc qu'il y a, non point un vrai Dieu qui est la souveraineté source de vérité, mais un certain mauvais génie non moins rusé et trompeur que puissant, qui a employé toute son énergie à me tromper. Je penserai que le Ciel, l'air, la terre, les couleurs, les figures, les sons, et toutes les choses extérieures que nous voyons, ne sont que des illusions et tromperies, dont il se sert pour surprendre ma crédulité. Je me considérerai moi-même comme n'ayant point de mains, point d'yeux, point de chair, point de sang, comme n'ayant aucun sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses. Je demeurerai obstinément attaché à cette pensée, et si par ce moyen il n'est pas en mon pouvoir de parvenir à la connaissance d'aucune vérité, à tout le moins il est en ma puissance de suspendre mon jugement. C'est pourquoi je prendrai garde soigneusement de ne point recevoir en ma croyance aucune fausseté et préparerai si bien mon esprit à toutes les ruses de ce grand trompeur, que pour puissant et rusé qu'il soit, il ne me pourra jamais rien imposer. »
(Descartes, première méditation métaphysique)
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