vendredi 19 octobre 2012

Variations pour la main droite

1) Up !


Tommy Smith, sprinter nord-américain, né à Clarksville, Texas, le 6  juin 1944. Étudiant en sociologie, pulvérise à ses heures perdues (pour la sociologie) divers records du monde de vitesse sur 200 et 400 mètres entre 1966 et 1967. Gâche la grande fête des Jeux Olympiques de 1968 et, du même coup, celle de la bande de politiciens ayant pourtant tout mis en œuvre – quelque temps auparavant – pour que ladite fête se déroule dans les conditions les plus décentes possibles, mitraillant par exemple, dans la capitale mexicaine, une foule réunie d’étudiants chevelus et gauchistes, par ailleurs désarmés (400 morts). Trouve que les Noirs sont maltraités aux USA (on croit rêver !). Brandit donc, pour exprimer cette opinion absurde, après avoir triomphé insolemment, dans l'épreuve, d'une poignée d'adversaires, son poing ganté de cuir vers le ciel, tout en regardant symétriquement en direction de ses pieds, sous les huées du public et à l’attaque de l’hymne dit national. Paiera très cher son geste en menaces diverses lui promettant notamment la mort, la torture et celles de ses proches, voire même l’exclusion à brève échéance de toutes les équipes sportives officielles (on croit rêver !). Donnera – pour finir – son nom à un stade de La Courneuve, ce qui revêt une importance capitale, au point de vue citoyen.


2) Down !




Albert Richter (1912 - 1940) : coureur cycliste allemand. Champion national et champion du monde amateur de vitesse à sept reprises de 1932 à 1939. Entraîné par Ernst Berliner, un Juif. Devant l'obligation faite à ce dernier de s'effacer au profit d'un autre - conséquence des nouvelles lois racistes d'État - Richter refuse de le désavouer et de s'en séparer. Déclare haut et fort, peu avant l'explosion du second conflit mondial, qu'il refuse «d'aller combattre des gens» (les Français) qui sont ses «amis». Refuse aussi ostensiblement de faire le salut nazi en public, ou même d'arborer le nouveau maillot réglementaire à croix gammée durant les compétitions officielles. Représente pour la débile volonté de résistance (passive) subsistant malgré tout en Allemagne, de 1933 à 1945, une sorte de point de repère privilégié : on se rend sur sa tombe avec un respect affiché, on l'applaudit frénétiquement, de son vivant, dans les réceptions en oubliant à son tour de saluer à l'allemande, etc. Tente, en 1940, de fuir vers la Suisse. Arrêté par la Gestapo, est retrouvé suicidé par pendaison le 3 janvier 1940. Quoique amateur fanatique de vélo, n'aura donc guère eu que ce seul point commun avec Nicolas Sarkozy, Michel Drucker ou Thibaut Pinot. Aura - enfin - donné son nom à un vélodrome, à Cologne, ce dont nous n'avons pas fini de nous foutre.

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