mercredi 21 juin 2023

La liberté, pour quoi faire ?

 

≪La liberté ? 
Mais pourquoi donc que t'aurais besoin 
d'un truc pareil ?  
Alors que t'as déjà la télévision, 
et puis l'Intervision, 
sans oublier l'Eurovision ?
 La liberté ? 
Avec tout ce pognon 
qui te ruisselle dessus 
à profusion ? 
À quoi qu'elle te sert, ta liberté, 
à côté de tous ces trucs 
que t'accumuleras 
encore, et encore ? 
Allez, en marche ! 
On y va !
Bras-dessus, bras-dessous, ouais ! 
Au soleil radieux 
de ce nouveau monde... 

Tiens, on va plutôt construire un nouveau pont, 
au nom du président Machin, 
Allez !
Marchons bras-dessus, bras-dessous, je te dis, au soleil radieux
 de ce nouveau monde. 
Et puis on en construira encore, pleins d'autres, des ponts, 
au nom du président Machin. 
La Liberté, tu dis ? 
Mais à quoi qu'elle te sert, ta liberté ? 
T'as déjà des bus, non ? 
Des bus pour aller bosser. 
Et pis des rations gratuite de pinard,
t'en as, 
et de bibine, 
et j'en passe... 
Alors, dis-moi : 
à quoi qu'elle te sert, ta liberté ? 
T'as déjà des gens, non, plus qu'il n'en faut, 
des gens à qui rendre un bel hommage. 
Et aussi la coupe du monde 86, 
non ? 
Alors, la liberté... ? 
Allez, marchons plutôt,
 bras-dessus, bras-dessous : 
au soleil radieux de ce nouveau monde. 
Et pense à ce nouveau pont, 
qu'on va bientôt construire, tiens ! 
au nom du Président Tartempion... 
À quoi qu'elle sert, ta liberté ? 
Pas vrai que t'as déjà tous ces films géniaux 
à regarder ?
Pas vrai que t'as même le droit de manifester, dans la rue, 
des fois ? 
Et puis que la prospérité jaillit, 
de toutes ces expos que tu vas voir, 
magnifiques ? 
Et que t'as du pain 
et des jeux ? 

Alors, quoi, c'est ça ?
Vous courbez tous la tête 
devant le président Machin, 
Oh, tu m'entends ? 
Que se passe-t-il ici, 
depuis tout ce temps ? 
Quel bruit ce monde de mort 
répand-il tout autour de lui ? 
Monde désastreux, en vérité : 
divisé par ces frontières qui te séparent 
des gens que t'aimes, à qui tu ne parles qu'à coup de courrier, que tu ne peux sentir qu'à travers l'odeur de ta colle à timbre,
 juste parce qu'ils vivent ailleurs, 
loin d'ici. 
Tout un chacun, dans ce monde-là, est gourmand, 
et puis cupide, 
ne rêve que d'argent, et d'entreprises. 
Quelques geeks qui mènent la danse politicienne. 
Et les plus puissants d'entre eux, qui 
fantasment d'une gouvernance intergalactique... 
Monde du Désastre, en vérité ! 
En voilà un : un "Discours du Septième Jour", 
en ce monde terrible qui est le nôtre, 
en ce présent qui est le nôtre... ≫
 
Po co wolność, par Kult (1989)

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