lundi 23 mai 2016

Le cauchemar de Huysmans (Sud-de-la-loirophobie)


« Tout ce que je puis vous dire, c'est ceci : je hais par-dessus tout les gens exubérants. Or tous les Méridionaux gueulent, ont un accent qui m'horripile, et par-dessus le marché, ils font des gestes. Non ! entre ces gens qui ont de l'astrakan bouclé sur le crâne et des palissades d'ébène le long des joues et de grands flegmatiques et silencieux Allemands, mon choix n'est pas douteux. Je me sentirai toujours plus d'affinités pour un homme de Leipzig que pour un homme de Marseille. Tout, du reste, tout, excepté le Midi de la France, car je ne connais pas de race qui me soit plus particulièrement odieuse ! » 

(Joris-Karl Huysmans, interviewé par A. Meunier, in Les Hommes d'aujourd'hui, Vanier, 1885).
  



6 commentaires:

  1. On comprend mieux pourquoi Huysmans est tant redevenu à la mode chez bon nombre de réacs.
    Tant pis pour son cassoulet. De toute façon, y'avait plein de poils d'ébènes tombés dedans.

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  2. En même temps, c'est vrai que c'est sympa Leipzig, comme ville.

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  3. On a toujours préféré Königsberg pour sa chevalerie.

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  4. Ben, disons que, pour répondre à Jules à la façon d'un Günther Anders, les arguments de la réaction me semble très valables dans un monde qui dresse un culte des plus jobastre au progrès(pour parler comme nos amis de l'Estaque.

    Je dirais même plus : certains passages de Huysmans sur l'urbanisme, les rapports sociaux ou la bourgeoisie me paraissent ainsi bien plus "radicaux" et "révolutionnaires" que les proses ânonnées dans bien des revues gauchistes.

    Quant à l'accent et les gestes... Pour en parler en connaissance de cause, je dirais que tout ça est une question de dosage et de capacité de déplacement : ainsi, lassé de la faconde méridionale, de ces types "pleins de gestes", comme on dit ici, rien ne vaut un exil temporaire dans n'importe quel nord jusqu'à ce que lassé des meubles luisants, des soleils mouillés et de ces ciels brouillés, on cingle derechef plein sud pour retrouver, non sans joie,le soupçon de poivre de certaines silhouettes.

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