tag:blogger.com,1999:blog-2759049254810407026.post2853480606928579454..comments2024-03-16T12:40:06.689+01:00Comments on Le Moine Bleu: De l'utilité de la culture (et réciproquement) Le Moine bleuhttp://www.blogger.com/profile/08012397194663049024noreply@blogger.comBlogger8125tag:blogger.com,1999:blog-2759049254810407026.post-51907305502732022912017-04-22T18:38:04.196+02:002017-04-22T18:38:04.196+02:00Voir également, deux très belles études : Bloch, é...Voir également, deux très belles études : Bloch, évidemment, sur "Avicenne et l'aristotélisme de gauche" et aussi (plus timoré, comme d'habitude, mais très précieux quand même): l'étude sur la "Métaphysique" d'Adorno (cours des années 60 sur Aristote annonçant la Dialectique négative). On y voit bien comment, au fond, tout le problème de la philosophie est déjà là : comprendre la correspondance, l'influence possible réciproque de la matière et de la forme.Si elles sont à ce point séparées (Platon), alors, moque Aristote (Métaphysique A9), comment passer de l'une à l'autre au juste, et dans quel intérêt (cas des dieux épicuriens, existants mais autarciques)? Aristote ruine donc Platon et ses idées intelligibles (en imposant la nécessité de l'union forme-matière en tout)mais sauve - étrangement - le maintien prestigieux de la Forme. La forme reste le plus important, le fondamental... même s'il n'y a de forme que le sujet le plus individualisé ! Autrement dit la forme ex-platonicienne de la pierre en général survit - comme forme, comme substance hiérarchiquement supérieure - dans cette pierre-là devant moi, ultra-déterminée... Comprend qui peut, ou pas. Platon abattu et sauvé dans le même mouvement (Adorno reprend cette idée d'un sauvetage dialectique de la métaphysique).<br />La matière, quant à elle, est aussi explicitement dite "substantielle", première, fondamentale par Aristote mais comme "dynamis", comme indétermination à la fois passive (attendant sa forme) et active (développant sa forme : et c'est là ce qu'Averroès, comme on l'a dit, retiendra avec Avicenne ou Avicébron). Bref, Aristote est le penseur glorieux de la puissance, du possible opposé à l'acte, ce que toute la philosophie "majeure" (jusqu'à Spinoza et Hegel) s'est ensuite évertuée à détruire. Chez Spinoza, le "possible" n'est qu'une ignorance de l'esprit, chez Hegel, si c'est possible ça doit être réel. Entre les deux, Kant : le possible existe vaguement, comme catégorie de la modalité, c'est-à-dire en rapport au sujet de la connaissance vis-àvis de son objet. En clair : il n'y a pas d'objet en soi possible ou pas possible : quand je juge un objet possible, c'est avant tout de MOI, et de mon degré relatif de connaissance (quant à l'objet) que je cause. Aristote, tout indécis, soit-il, fait donc figure d'exception utopiste et objectivement possibiliste.Le Moine bleuhttps://www.blogger.com/profile/08012397194663049024noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-2759049254810407026.post-60705881389938291032017-04-21T14:28:25.732+02:002017-04-21T14:28:25.732+02:00Ouaip, comme quoi les lecteurs contribuent au text...Ouaip, comme quoi les lecteurs contribuent au texte. J'ai toujours retenu d'Aristote une attitude de tempérance, quoiqu'il en pince pour la colère comme vertu. Souvenir que vous reconnaissez en marquant qu'il "ne se décide jamais clairement". Mais tant mieux s'il donne matière – serait-ce malgré lui – à renversement par excès du potentiel sur l'acte. Mézalor l'utopie en est toute dialectisée, puisque réalisable. N'empêche, le phronimos ne se garderait-il pas d'un "potentiel" dopage à l'hélium (ou plutôt au pneuma), autrement d'un risque de foi ?<br /><br />Effectivement une bien plus belle gueule que son pourrissement bergsonien rétroactif et extensif et que le mécanisme surdéterminant.<br /><br />À la faveur de votre article prolongeant celui-ci, j'ai relu (ça faisait quelques décennies que je ne l'avais pas fait) les pages sur le maître et l'esclave (la trad. de J.-P. Lefebvre, à défaut d'Hyppolite c'est Bourgeois ou un althusserien germaniste, choisit "valet" et ça n'y change pas grand-chose à ce degré d'abstraction). Incidemment, Moine, vous me faites bosser, mais quel bonheur en l'occurrence ! Et bien évidemment, ce qui saute aux yeux est qu'il lui arrive plein de trucs à l'être, de n'être pas ce qu'il sera et de n'être jamais plus ce qu'il était. Au contraire d'une "voie toute tracée" donc, fût-elle singulière. Ce que bien entendu on ne peut pas simplifier en écoulement rhizomique.schizosophienoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-2759049254810407026.post-4924442943024746252017-04-20T22:09:24.273+02:002017-04-20T22:09:24.273+02:00En réalité, cette subversion de la cause finale es...En réalité, cette subversion de la cause finale est présente en puissance chez Aristote, dans sa conception - justement - de la puissance : de la potentialité. Puissance (possibilité) et Acte (réalisation, réalité) ou : Matière (puissance) et Forme (réalisation). Telle est la tension, absolument prometteuse, au plan utopique, entre ces deux pôles, entre lesquels Aristote ne se décide jamais clairement. L'âme, en particulier, est présentée par lui comme "réalisation" (forme) du corps ("matière") : pas d'âme sans corps, pas de séparation possible entre ces deux moments d'une même finalité. Autrement dit, la finalité d'un corps, c'est d'être animé. L'âme serait la cause finale d'un corps. Inversement, la matière - ultra-plastique - serait la condition évidente d'apparition de l'âme, de son propre auto-développement en âme, si on peut dire (c'est cette voie-là que l'arabe Averroës radicalisera, permettant ensuite Giordano Bruno ou Spinoza, et son "âme, idée du corps"). Pour en revenir à l'utopie, l'intérêt de tout cela est la considération suivante : tout homme, toute femme EST TOUJOURS PLUS que ce qu'il-elle est en acte. Sa puissance (ce qu'il pourrait être) est toujours en excès relativement à son acte, sa réalité actuelle. La matière (comme dynamisme, comme puissance) suscite ses propres formes successives, toujours dépassées, remises en cause. La cause finale de l'homme serait ainsi cette indéterminé fondamentale, tendant malgré tout vers un certain développement idéal, asymptotique, utopique. Reconnaissons que ce matérialisme-là (spéculatif) vous a une tout autre gueule que le "matérialisme" surdéterminant, éternisant et conservateur, du structuralisme contemporain. C'est cette idée aristotélicienne d'excès utopique de l'être sur lui-même que Deleuze aura reprise (sans le dire évidemment) pour la pourrir dans le sens d'un matérialisme "intégral", refusant la tension nécessaire de la matière vers l'esprit, vers l'âme, au profit d'une très "spinoziste" univocité de l'être. Et depuis quand l'esprit ne serait-il pas de l'être ?Le Moine bleuhttps://www.blogger.com/profile/08012397194663049024noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-2759049254810407026.post-74587446448785245652017-04-20T12:20:36.962+02:002017-04-20T12:20:36.962+02:00Cause finale renversée, liberté comme contrariété ...Cause finale renversée, liberté comme contrariété volontaire de son propre destin... hum !, je n'avais jamais imaginé ça. Séduisant comme votre lecture d'Ulysse.<br /><br />Quelque chose comme : étant reconnu l'ensemble des déterminations qui m'incombent et qui nous incombent pétons-les ? (parlons meilleur) ; pierre par pierre, mur par mur... ? Je n'ai pas encore lu de tag "Renversons la cause finale", ça pourrait arriver.<br /><br />Pendant ce temps, les annonciateurs de ce qui vient, racketteurs du label ingouvernables, proposent un "communisme sensible" "par-delà individu et société", voir la pub de leur imminent Maintenant. Oui, oui : "par-delà" rien que ça.schizosophienoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-2759049254810407026.post-84084574161205363282017-04-19T23:24:01.559+02:002017-04-19T23:24:01.559+02:00Pour nous, au-delà même du vote bourgeois qui est ...Pour nous, au-delà même du vote bourgeois qui est une pitrerie (de ce point de vue-là, nous ne sommes pas libertaires mais très classiquement anarchistes), c'est surtout ces deux écueils que nous voudrions pointer :<br />1°) apologie des droits civils (macroniens, libéraux) en guise de toute liberté possible et concevable (je fais ce que je veux, je suis libre, tout seul, etc).<br />2°) apologie de l'État, de la Souveraineté populaire, des droits (et devoirs) politiques collectifs (Rousseau, Mussolini, etc).<br />Il y a quelque chose - à réfléchir - entre ces deux "libertés" : celle des Modernes et des Anciens. Une liberté dialectique. Une liberté difficile. Sociale. Marxiste. Freudienne.Le Moine bleuhttps://www.blogger.com/profile/08012397194663049024noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-2759049254810407026.post-82412123886155431522017-04-19T23:16:52.403+02:002017-04-19T23:16:52.403+02:00"Blocage par les causes finales", dites-..."Blocage par les causes finales", dites-vous ? Pour nous, Aristote est un camarade malgré tout, malgré lui, malgré - exemple ignominieux - l'esclavage en vigueur chez les Grecs, qu'il défendait, les esclaves étant précisément dits par lui : "praktikon organon" ("instruments utiles"). Mais, justement, avançons là-dedans. Les esclaves, pour Aristote (voir : "Les Politiques") sont très clairement des hommes comme toi et moi. Nulle part chez lui, cette incertitude spectaculaire quant à la possession ou non - chez les esclaves - d'une âme. Nulle part cette tendance à les exclure de l'humanité, comme chez les curés de Valladolid réfléchissant saintement à toutes ces belles questions humanistes au sujet des Indiens, ou des Nègres. Les esclaves, selon Aristote - pur physicien - suivent simplement leur cause finale malheureuse, en quelque sorte. Nous retrouvons, donc, toujours, ce problème de la cause finale. Y en a-t-il un autre ? Non, il n'y en a pas d'autre. Mais un renversement UTOPIQUE de la cause finale, dépassant l'aberration aristotélicienne, n'est pas absurde : opposée à la seule cause qui subsiste après Galilée et Descartes (la cause efficiente, autrement dit mathématique : celle des rapports neutres entre des masses, dans un espace sinistre vidé de Dieu, comme disait Pascal), la cause FINALE aristotélicienne - renversée, bien sûr - révèle soudain toute sa richesse subversive. Car, cher Schizosophe, POUR QUOI (cause finale) au juste sommes-nous et nous agitons-nous sur cette terre ? Un cartésien, ou un indigène de la république (c'est pareil) vous renverra, là, à l'obscurantisme, à l'ESSENTIALISME d'une telle question du pourquoi. Or, c'est précisément cet essentialisme-là qui nous fait bander. Bien à vous.Le Moine bleuhttps://www.blogger.com/profile/08012397194663049024noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-2759049254810407026.post-65137511785028656902017-04-19T19:43:14.651+02:002017-04-19T19:43:14.651+02:00Est-ce qu'au fond on ne retombe pas dans le mê...Est-ce qu'au fond on ne retombe pas dans le même pataugeage avec l'abstentionnisme libertaire ? D'un côté, on a le discours de principe « Voter, c'est se choisir un maître, etc. » et de l'autre le pragmatique « X ou Y ne changera rien, car ce sera ou bien un accompagnateur zélé de la dernière mue en date du capitalisme mondialisé, ou bien un fort en gueule qui devra s'y plier ou s'écraser ». Soit d'une part quelque chose d'absolument périmé, tant il doit rester peu de votants assez candides pour envisager que le candidat de leur choix se lie à eux via ses promesses. Et d'autre part une totale inconsistance, puisque dans l'optique du choc nécessaire tant attendu, celui qui ferait enfin bondir la grenouille, resterait tout de même à déterminer ce qui serait le plus efficace dans la situation historique : la cruauté froide et sans fard des réalistes qui accélèrent votre broyage scientifique, ou le sabordage sur mer démontée du volontarisme qui devait vous porter vers d'autres horizons. Soit certes deux impasses, mais qui ne peuvent tout de même pas être renvoyées dos à dos (même si on est d'accord que la première est nettement moins improbable que la seconde).<br /><br />J'en suis à me demander si justement ici ne perce pas le caractère profondément « inutile » du discours libertaire, mais cette fois dans le sens « impuissant », dans son incapacité à porter en lui un changement actualisable, tant il semble principalement s'acharner à établir qu'au-delà d'actions toujours complètement sous-dimensionnées on ne peut qu'attendre : attendre que l'histoire, au bout de tout, finisse par tomber sur ses vues comme le dernier possible pour la persévérance de l'humanité. La mascarade citoyenniste ferait alors face à une autre, aux grimaces bien moins rigolotes.Zapoïnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-2759049254810407026.post-81351162639126686602017-04-19T12:29:33.884+02:002017-04-19T12:29:33.884+02:00En désordre, parce que, cher Moine, vous balancez ...En désordre, parce que, cher Moine, vous balancez là une grenade théorique à fragmentation. Et relier tout ça implique tellement d'énergie.<br /><br />Bien d'accord sur le blocage grec par la cause finale. La représentation d'Ulysse comme dribbleur du fatum et aiguillon personnel de la liberté par la négation en est bien séduisante. Il faudra attendre Spinoza pour son dépassement, mais vers une indéfinition positive qui mêle la double critique du fini temporel et de la définition notionnelle. Véritable saut qualitatif (que d'aucuns diraient "moderne") et source de la dialectique avec sa reprise par Hegel, hélas elle-même aspirée dans l'eschatologie abstraite du Savoir absolu. On connaît mieux le pari de son renversement marxien non dépourvu d'eschatologie, quoique volontiers concret et même pratique. Il nous revient de reconsidérer "la classe" et même celle "de la conscience". Je n'ai pas de solution, mais désociologiser l'affaire me semble incontournable.<br /><br />Quant à l'utilité, il m'apparaît de plus en plus clair que sa réduction aux réquisits de la survie dite "matérielle" est une facilité durable. J'en vois une preuve dans le fait que le développement initial du capitalisme (et les connaisseurs des sociétés primitives – pardon, "préalables" – en trouvent d'autres* où la distinction entre utilité et culturel est bien difficilement opérante) s'était découvert par le commerce international des produits luxueux de dernières nécessités, le poivre, les tissus orientaux... et pas tellement sur celui de l'esclavage : la Hanse océanique, la nécessité de l'actionnariat.<br /><br />Le Potlatch avait aussi pour fonction d'éviter des guerres.<br /><br />Sur la démocratie en Grèce antique, j'ai lu une composition sociale (un peu de sociologie tout de même) faisant apparaître que la moitié de la population d'Athènes était sous régime d'esclavage et que Aristote et son épouse en disposaient de 20 à eux seuls.<br /><br />Aristote again, sur le jeu, la poésie-création et le travail, et l'activité en général, voir le passage sur les 5 dispositions de l'âme. (Éthique à Nique, Livre 4, chap. 3 et 4) : "L'art aime le hasard comme le hasard aime l'art." Τέχνη τύχην ἔστερξε καὶ τύχη τέχνην.<br /><br />Bon v'là. J'me la pète peut-être mais c'est pour la bonne cause... décisive.<br /><br />* https://www.franceculture.fr/emissions/les-cours-du-college-de-france/les-usages-de-la-terre-cosmopolitiques-de-la-7 schizosophienoreply@blogger.com